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Y a-t-il un chef dans la salle ?

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Théâtre antique
07/08/2017 -  et 11* juillet 2017
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Nadine Sierra (Gilda), Marie-Ange Todorovitch (Maddalena), Cornelia Oncioiu (Giovanna), Amélie Robins (La Contessa di Ceprano), Leo Nucci (Rigoletto), Celso Albelo (Il Duca di Mantova), Stefan Kocan (Sparafucile), Wojtek Smilek (Il Conte Monterone), Christophe Berry (Matteo Borsa), Jean-Marie Delpas (Il Conte Ceprano), Igor Gnidii (Marullo), Violette Polchi (Il Paggio)
Chœurs des Opéras d’Avignon, Monte-Carlo et Nice, Aurore Marchand, Stefano Visconti, Giulio Magnanini (préparation), Orchestre Philharmonique de Radio France, Mikko Franck/Alain Guingal* (direction musicale)
Charles Roubaud (mise en scène), Emmanuelle Favre (scénographie), Katia Duflot (costumes), Jacques Rouveyrollis (lumières), Virgile Koering (vidéos), Jean-Charles Gil (chorégraphie)


(© Philippe Gromelle/Orange)


Tension extrême à Orange mardi soir, avant le début de la seconde représentation de Rigoletto : le chef d’orchestre Mikko Franck est victime d’un malaise à 20 heures. Jean-Louis Grinda, nouveau directeur des Chorégies, est à deux doigts d’annuler la soirée avant de parvenir à mettre la main sur un remplaçant pour assurer le spectacle, qui débute comme prévu à 21 heures 45. Le sauveur n’est autre qu’Alain Guingal qui, par chance, se trouvait à Avignon ce soir-là et a pu arriver au Théâtre antique vers 21 heures 30. On comprend donc qu’il n’a pas eu le temps de répéter, ni avec les musiciens, ni avec les chanteurs. Malgré tout, la représentation s’est déroulée normalement, sans accroc majeur, ce qui, vu les circonstances, constitue un véritable exploit. Les solistes, au premier rang desquels Leo Nucci, ont chaleureusement applaudi le chef à la fin de la première partie ainsi qu’au terme de la représentation, alors que le public, reconnaissant, lui a réservé une ovation parfaitement méritée.


Cette soirée restera également comme la révélation d’un immense talent, celui de la soprano américaine Nadine Sierra, qui a incarné une Gilda d’exception. Aigus célestes, pianissimi évanescents, vocalises parfaitement maîtrisées, voix très bien conduite sur toute la tessiture, la jeune chanteuse a aussi offert un portrait émouvant de la femme amoureuse, tout en légèreté et en grâce. Malgré ses 75 ans et ses 50 ans de carrière, Leo Nucci reste, aujourd’hui encore, un immense Rigoletto, un personnage qu’il doit avoir interprété près de 500 fois. Certes, la voix n’a plus le mordant ni la projection d’autrefois, mais le baryton impressionne par son engagement et son expressivité, modulant chaque mot et chaque note. Sa voix se marie idéalement à celle de la soprano, et le duo « Vendetta » sera bissé, pour le plus grand bonheur des 8000 spectateurs présents. Le ténor Celso Albelo est beaucoup plus en retrait : après un début particulièrement laborieux, son Duc de Mantoue retrouve quelques couleurs en seconde partie, mais globalement ni le personnage ni le plein air ne conviennent à sa voix. On retiendra plutôt la Maddalena à la voix pulpeuse de Marie-Ange Todorovitch et le Sparafucile au timbre percutant de Stefan Kocan.


Le metteur en scène Charles Roubaud est un habitué du Théâtre antique. Il sait comment investir cet immense plateau, avec des mouvements de foule savamment coordonnés. Un sceptre géant avec une tête de bouffon sert de décor, et les personnages évoluent dans des costumes des années 1930, donnant au spectacle un petit air d’Années folles. Rien de transcendant, mais tout est parfaitement réglé. A la fin de la représentation, le « Caro nome » de Nadine Sierra résonne encore dans la tête de nombreux spectateurs. Et on se dit qu’on a peut-être assisté ce soir à la naissance d’une grande carrière.



Claudio Poloni

 

 

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