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Mikhail Pletnev et Gautier Capuçon au sommet

Paris
Philharmonie
05/15/2017 -  
Mieczyslaw Karlowicz : Sérénade pour cordes
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 1, opus 107
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36

Gautier Capuçon (violoncelle)
Orchestre national de Russie, Mikhail Pletnev (direction)


M. Pletnev (© Artyom Makeyev)


Rares sont aujourd’hui les chefs à s’intéresser à Mieczyslaw Karlowicz, ce Polonais emporté à 33 ans par une avalanche, qui contribua à sortir la musique de son pays d’un conservatisme souvent plus éclairé qu’on ne le dit – aux côtés de la Jeune Pologne en musique, dont Szymanowski fut le plus illustre représentant. On se réjouit donc que Mikhail Pletnev ait inauguré son dernier concert à la Philharmonie par une de ses œuvres, en regrettant toutefois le remplacement d’Une triste histoire, poème symphonique de la maturité, par la Sérénade pour cordes. Mais s’il reste dans le sillage de Dvorák et de Tchaïkovski, alors que Karlowicz sera bientôt très marqué par Strauss, cet opus 2 témoigne déjà d’un métier très sûr. Le chef russe ne le prend pas à la légère, en proposant une lecture très symphonique, très fin de siècle, avec des abandons et des clins d’œil dès la Marche initiale, que suivront une Romance rêveuse, une Valse mélancolique et un Final plein de verve. La rondeur et l’homogénéité des cordes de l’orchestre font merveille.


Il y a loin de cette Sérénade au Premier Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, où Gautier Capuçon est magnifique, moins hérissé, plus lyrique que Xavier Phillips ici. La beauté de la sonorité, la pureté concentrée du jeu n’émoussent en rien l’ironie ou l’âpreté de certains passages, en particulier dans les mouvements extrêmes. Le Moderato, très dépouillé, joué au début comme du Bach, prend des allures de lamento, avant une cadence aussi habité que maîtrisée, aux accelerandos parfaitement enchaînés. Là où Phillips se trouvait peu porté par un Ludovic Morlot assez neutre, il bénéficie de l’accompagnement de Pletnev, beaucoup plus chostakovien, en phase avec lui pour teinter le Concerto d’une mélancolie nostalgique ou grinçante. Même aussi bien joué, Le Chant des oiseaux de Pablo Casals, en compagnie des violoncelles de l’orchestre, n’est rien d’autre qu’un bis et fait descendre plusieurs marches.


La mélancolie, décidément, semble marquer le concert : loin de toute surenchère dans l’exaltation, la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski exprime dès l’Andante sostenuto, au-delà de ses éclats cuivrés, tout le poids du fatum – on pense au « ciel bas et lourd » du « Spleen » de Baudelaire. Même le Scherzo, où la direction fait admirablement dialoguer les pupitres, n’apporte pas vraiment de lumière, pas plus que le Finale débridé, dont les fanfares ne grisent nullement Pletnev, qui d’abord le construit, soulignant les contrechants. Il y a dans cette lecture souverainement maîtrisée, ne lâchant jamais la bride, une grandeur tragique. Le bis ne flatte pas moins l’orchestre, superbe du début à la fin du concert... sans marquer de rupture : le Scherzo du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn lorgne... vers Tchaïkovski.



Didier van Moere

 

 

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