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Trop sage Slatkin Lyon Auditorium Maurice-Ravel 04/29/2017 - John Adams : The Chairman Dances – Harmonielehre
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon en ré majeur, opus 35 Hilary Hahn (violon)
Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin (direction)
J. Adams (© Vern Evans)
Si plusieurs rangs ont pu paraître clairsemés un peu plus tôt dans l’après-midi, la salle de l’Auditorium affiche complet pour le concert de 18 heures et son programme beaucoup plus accessible, dédié, en grande partie, à John Adams. Pour autant, on ressent d’emblée une certaine déception face au geste, certes d’une probité et d’une mise en place exemplaires de Leonard Slatkin à la tête de l’Orchestre national de Lyon, mais peu intéressé à faire ressortir le moindre point saillant de The Chairman Dances, l’une des œuvres les plus populaires d’Adams. Tous les pupitres semblent être mis sur le même plan au service d’une lecture linéaire et sans surprise, sans qu’aucune mélodie particulière ne ressorte, sans parvenir aussi à faire poindre ce sentiment d’excitation imprimé par les scansions répétitives aux cordes.
Plus tard dans la soirée, le retour à Adams montre davantage les muscles avec l’emphatique et postmahlérien Harmonielehre, dont Simon Rattle a su exploiter toutes les ressources mélodiques et rythmiques dans un très beau disque (EMI, 1994). Slatkin déçoit encore ici avec une entame très appuyée dans les graves, minorant les scansions du premier mouvement en un maelstrom sonore davantage tourné vers le Stravinski du Sacre du printemps que Mahler, Holst ou... John Williams. On perd en poésie ce qu’on gagne en force brute, et ce d’autant plus que l’acoustique peu précise de l’Auditorium n’aide pas à faire ressortir les contrechants. Au II, Slatkin retrouve une certaine objectivité, au bénéfice d’un geste sombre privilégiant les graves, mais peu éthéré et aérien. Cette distance se fait plus encore sentir au début du III, trop statique et distant, en une volonté de fondu peu propice aux nuances. Seuls les tout derniers passages se montrent plus réussis par leur spectaculaire scansion maîtrisée, avant que ne retentissent les applaudissements d’un public visiblement conquis par cet ouvrage composé en 1985.
La satisfaction de la soirée vient de la lumineuse Hilary Hahn, toujours aussi investie dans l’expression d’inflexions tour à tour colorées et soyeuses, au service d’une pure beauté sonore. L’Américaine n’en oublie pas cependant de montrer du caractère par endroit, bien aidée en cela par l’accompagnement serein et discret de Slatkin, qui la met ainsi particulièrement en avant. Cette optique fonctionne bien tant la violoniste sait aisément relancer un discours parfois ralenti jusque dans les moindres détails, laissant pantois les plus rétifs à ces interprétations peu nerveuses. Elle recueille logiquement une ovation nourrie à la fin de la représentation, interprétant en bis son compositeur d’élection, Bach, tout comme la veille au Sucre.
Florent Coudeyrat
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