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Mahler à Hambourg

Hamburg
Elbphilharmonie
04/28/2017 -  et 30 avril, 1er mai 2017Elbphilharmoni
Gustav Mahler : Symphonie n° 8 en mi bémol majeur
Sarah Wagner (soprano, Magna Peccatrix), Jacquelyn Wagner (soprano, Una poenitentium), Heather Engebretson (soprano, Mater gloriosa), Daniela Sindram (alto, Mulier Samaritana), Dorottya Láng (alto, Maria Aegyptiaca), Burkhard Fritz (ténor, Doctor Marianus), Kartal Karagedik (baryton, Pater ecstaticus), Wilhelm Schwinghammer (basse, Pater profundus)
Hamburger Alsterspatzen, Jürgen Luhn (chef de chœur), Latvijas Radio koris, Māris Sirmais (chef de chœur), Chor der Hamburgischen Staatsoper, Eberhard Friedrich (chef de chœur), Philharmonisches Staatsorchester Hamburg, Eliahu Inbal (direction)
rosalie («sculpture de lumière»)


En repetition le 27 avril (© Wolf-Dieter Gericke)


Si la Philharmonie de Paris n’a pas encore programmé la Symphonie des Mille de Gustav Mahler, la Philharmonie de l’Elbe de Hambourg dès sa première saison n’a pas hésité. Il faut dire que Gustav Mahler y a été directeur de l’Opéra de 1891 à 1897. L’actuel directeur musical de l’Opéra, Kent Nagano, devait initialement diriger ces trois concerts, donnés à guichets fermés: souffrant, il a été remplacé par Eliahu Inbal, mahlérien réputé appelé une semaine avant l’échéance.


Ces représentations étaient visuellement illustrées d’un travail de Lichtskulptur qui consistait, dans une salle plongée dans une relative obscurité, à mettre au fond de la scène sept longs caissons verticaux illustrés de traits horizontaux aux couleurs changeantes selon la musique. Outre que ces caissons gênaient la perspective de la salle, et que la pénombre imposait aux solistes et aux chanteurs du chœur de disposer de petites lumières, on n’a pas compris l’intérêt de cette illustration, très pauvre et répétitive, d’une musique pourtant suffisamment riche pour se suffire à elle-même.


D’un point de vue musical, les satisfactions étaient plus nombreuses, toutefois sans toucher à l’inoubliable comme le faisait Riccardo Chailly cet été à Lucerne. Il est vrai que l’Orchestre de l’Opéra de Hambourg, certes un bon orchestre, ne peut en aucun cas rivaliser en termes de somptuosité sonore et de musicalité avec les phalanges de Berlin, Dresde, Leipzig ou Munich. Si la mise en place est au rendez-vous, la lisibilité et la caractérisation sonore sont en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre dans une œuvre aussi foisonnante. La faute en incombe sans doute aussi au chef, qui alterne raideurs, mais aussi imprécisions du geste, ce qui a notamment pour effet de déclencher un long et très instable moment dans le final du premier mouvement.


Pour cette production, les solistes étaient installés derrière l’orchestre et devant le chœur, un choix régulièrement fait maintenant après les errements initiaux à Paris. Il n’est pas certain que l’idée soit aussi convaincante qu’à Paris, en tout cas avec des chanteurs au format vocal modeste comme ceux présents pour cette Symphonie des Mille. Leurs interventions, y compris isolées, comme par exemple celle de Kartal Karagedik en Pater ecstaticus en début de seconde partie, souffraient cruellement d’un manque de projection les empêchant de passer l’orchestre. Et d’ailleurs aucun des solistes réunis ici n’a particulièrement brillé, les interventions en ensemble étant quant à elles trop souvent confuses.


Les chœurs d’adultes impressionnaient le plus souvent par leur envergure et leur puissance. Mais si les graves somptueusement sonores du début du «Alles Vergängliche» étaient un pur régal (bien qu’un peu forts), certaines limites dans les voix aiguës se faisaient entendre notamment dans les déchaînements du final. Quant au chœur d’enfants, plutôt constitué de jeunes adolescents et adolescentes, il ne peut, et pour cause, offrir ce son si spécifique des chœurs de jeunes garçons qu’on est en droit de préférer, en particulier dans cette œuvre. Mais le travail, l’enthousiasme et la précision étaient bien au rendez-vous.


Eliahu Inbal, malgré les réserves évoquées plus haut, dirige avec enthousiasme et une évidente passion qu’il ne parvient toutefois pas complètement à transmettre à tous ses interprètes.


A l’occasion de ce concert, on aura pu apprécier les nombreuses qualités de cette nouvelle salle, qui est déjà un immense succès en termes de fréquentation. Le lieu, au bord de l’Elbe, vraiment magique, le souffle d’une architecture puissante, qui évoque plus la Philharmonie de Berlin, notamment dans son toit et dans sa circulation interne, que celle de Paris, sans même parler de la qualité des finitions et de la convivialité des espaces communs, tout concourt ici à une réussite architecturale plus aboutie qu’à Paris. En ce qui concerne l’acoustique, toujours difficile à juger, cela sera sans doute d’abord affaire de goût, celle de l’Elbphilharmonie étant moins réverbérante qu’à Paris, ce que certains trouveront en concordance avec l’aspect monocolore de la salle à l’inverse de celle de Paris. Voilà en tout cas une autre nouvelle salle de très grande qualité que l’on quitte à regrets en espérant y retourner dès que possible: n’est-ce pas là l’essentiel?



Gilles Lesur

 

 

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