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Postmoderne

Paris
Palais Garnier
04/15/2017 -  et 18*, 19, 20, 21, 22, 26, 30 avril, 4, 5, 7, 8, 9, 12, 13 (Paris), 18, 19, 20 (Poitiers) mai 2017
Walkaround Time
Merce Cunningham (chorégraphie), David Behrman (musique)
Décors d’après Marcel Duchamp, costumes d’après Jasper Johns, Beverly Emmons (lumières)
Trio
William Forsythe (chorégraphie, scénographie, lumières), Ludwig van Beethoven (musique)
Stephen Galloway (costumes)
Herman Schmerman
William Forsythe (chorégraphie, scénographie, lumières, costumes), Tanja Rühl (lumières), Thom Willems (musique)
Gianni Versace (costumes)


Walkaround Time (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


Trois œuvres de la postmodernité sont entrées au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) avec ce programme Cunningham/Forsythe au Palais Garnier en une confrontation intellectuellement stimulante.


Heureuses les jeunes générations qui peuvent découvrir dans toute la fraîcheur de leurs premiers jours et leur éternelle modernité les œuvres réalisées au siècle dernier par Merce Cunningham! Walkaround Time, créé à Buffalo en 1968, n’avait, comme les deux œuvres de Forsythe qui composent cette soirée, jamais été présenté à l’Opéra de Paris. Son titre se réfère au temps mort que mettait (aujourd’hui c’est infinitésimal) un ordinateur à digérer les données qu’on lui fournissait. La musique (enregistrée) est de David Behrman et une œuvre complexe (installation muséographique et textes) de Marcel Duchamp, La Mariée Mise à Nu par ses Célibataires, Même (dit Le Grand Verre, en est le substrat. Heureusement, cela ne se ressent pas trop dans la danse qui est ce que Cunningham a fait de plus clair et fluide et que les jeunes danseurs du BOP interprètent avec une fraîcheur épatante. La pièce, qui dure presque une heure, comporte sept parties bien distinctes sur un plateau vide et noir occupé par les répliques transparentes de l’œuvre de Duchamp, qui alternent des moments de danse pure, d’autres où les danseurs se reposent en tenue de coulisse. A la fin, quand les textes de Duchamp sont lus par plusieurs voix qui se superposent, on a senti l’attention du public se crisper et l’accueil au rideau a été assez partagé entre enthousiasme et huées. Cela méritait mieux, car souvent les tentatives de résurrection de ce genre de monument de la postmodernité américaine se soldent par des résultats poussiéreux.



Trio (M. Thomas, E. Guérineau, H. Vigliotti)
(© Ann Ray/Opéra national de Paris)



Les deux pièces de Forsythe, que l’on doit à la programmation de Benjamin Millepied, ont été beaucoup mieux accueillies. Il faut dire qu’elles font parties des œuvres les plus distrayantes du chorégraphe. Trio, créé à Francfort en 1966, met en scène sur le deuxième mouvement du Quinzième Quatuor de Beethoven, aussi déstructuré que se veut la danse de Forsythe, trois danseurs qui commencent par exhiber muscles et articulations avant de créer une sarabande qui reprend ces figures dans un complexe numéro de danse se jouant des points d’appui et des lois de la pesanteur. Eléonore Guérineau, Maxime Thomas et Hugo Vigliotti, dans de beaux costumes bariolés de Stephen Galloway, ne font qu’une bouchée de cette chorégraphie complexe.



Herman Schmerman (© Ann Ray/Opéra national de Paris)


Tout comme celle de Herman Schmerman, pièce extrêmement virtuose composée en deux temps, pour le New York City Ballet en 1992 et complétée quelques mois plus tard par un duo pour le Ballet de Francfort. Les beaux costumes de Gianni Versace et les éclairages sophistiqués de Tanja Rühl ajoutent très certainement un plus à cette savante chorégraphie sur une musique de Thom Willems, un allegro, moins agressive que celle de ses grandes pièces. A un Quinette extrêmement véloce et construit sur tout ce que l’on peut imaginer de syncopal et décalé succède un duo, pas de deux assez peu classique sans le substrat de romantisme lié au genre. Dansé par Amandine Albisson et Audric Bezard, il couronne cette magnifique pièce assez emblématique de la production du chorégraphe majeur.


Ce passionnant programme, repris au TAP de Poitiers du 18 au 20 mai, sera complété par un solo du danseur étoile Jérémie Bélingard pour les représentations des 7, 9, 12 et 13 mai, à l’occasion de ses adieux à la scène.



Olivier Brunel

 

 

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