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La Pucelle d’Orléans embrase Genève

Geneva
Victoria Hall
04/06/2017 -  et 8, 10*, 12 avril 2017
Piotr Ilitch Tchaïkovski : La Pucelle d’Orléans
Ksenia Dudnikova (Jeanne d’Arc), Migran Agadzhanyan (Charles VII), Mary Feminear (Agnès Sorel), Roman Burdenko (Dunois), Boris Pinkhasovich (Lionel), Marek Kalbus (L’archevêque), Boris Stepanov (Raymond), Alexey Tikhomirov (Thibaut), Alexander Milev (Bertrand), Peter Baekeum Cho (Loré), Aleksandar Chaveev (Un soldat), Iulia Elena Preda (Une voix d’ange)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Dmitri Jurowski (direction musicale)


(© Emmanuel Andrieu)


Le Grand Théâtre de Genève et l’Orchestre de la Suisse Romande ont eu l’excellente idée d’unir leurs forces pour exhumer une rareté, La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski, en version de concert. L’initiative mérite d’être saluée, d’autant que le résultat est un immense succès. L’ouvrage du compositeur russe n’a été donné dans sa totalité qu’un très petit nombre de fois depuis sa création à Saint-Pétersbourg en 1881. En France, il faut attendre 1976 pour l’entendre en version de concert, et 1998 en version scénique. L’œuvre ne saurait être plus différente de l’Eugène Onéguine intimiste composé deux ans auparavant. En voulant mettre en musique La Pucelle d’Orléans de Schiller, Tchaïkovski s’est manifestement inspiré du grand opéra français, avec de nombreuses interventions des chœurs et plusieurs ballets, ainsi qu’une alternance de scènes lyriques et de passages solennels et martiaux, avec des contrastes saisissants. Tout au plus les mélomanes connaissent-ils l’air « Adieu forêts », qui figure parfois au programme de concerts lyriques. L’œuvre mérite pourtant d’être découverte dans son intégralité.


A Genève, le plaisir de la découverte vient d’abord de la lecture musicale enflammée du chef russe Dmitri Jurowski, qui sublime l’Orchestre de la Suisse Romande, lequel a rarement paru aussi éclatant. S’il a tendance à privilégier les fortissimi, au détriment des nuances, le maestro n’en offre pas moins une exécution précise et homogène, mais aussi passionnée et intense, avec de superbes interventions des bois (notamment flûte, clarinette et cor anglais). On relèvera aussi l’excellente prestation du Chœur du Grand Théâtre, particulièrement sollicité dans cette partition.


Le rôle-titre est écrasant. Sur scène pendant pratiquement tout l’ouvrage, l’interprète doit disposer non seulement d’un riche médium, mais aussi d’un registre aigu à toute épreuve. Ksenia Dudnikova s’en tire avec les honneurs. Malgré des aigus parfois un peu forcés, à la limite de la justesse, elle offre un portrait confondant d’une Jeanne combative et vaillante, à la projection vocale sidérante. La finesse qui manque peut-être dans son chant, on la trouve pleinement chez Mary Feminear, membre de la troupe des jeunes solistes du Grand Théâtre, qui incarne une Agnès Sorel délicate et sensuelle. Avec sa voix puissante et profonde, Alexey Tikhomirov campe un père borné et autoritaire, qui va jusqu'à accuser sa propre fille. Le Raymond du ténor Boris Stepanov séduit par son timbre clair et délicat, parfait pour le rôle du soupirant de Jeanne. Malgré des sonorités quelque peu nasales, Migran Agadzhanyan interprète un Charles VII à la fière allure. Les barytons Roman Burdenko en Dunois et Boris Pinkhasovich en Lionel font preuve, tous les deux, d’un solide métier et d’un grand engagement. La seule déception vient de l’Archevêque très en retrait de Marek Kalbus. Un succès à tous points de vue, qui devrait inciter le Grand Théâtre et l’Orchestre de la Suisse Romande à proposer aux mélomanes genevois d’autres titres méconnus.



Claudio Poloni

 

 

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