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Effets spéciaux

Lille
Opéra
03/27/2017 -  et 30 mars, 1er, 4, 7*, 10, 13 avril 2017
Richard Wagner: Der fliegende Holländer
Simon Neal (Der Holländer), Patrick Bolleire (Daland), Elisabet Strid (Senta), David Butt Philip (Erik), Deborah Humble (Mary), Yu Shao (Der Steuermann)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef de chœur), Orchestre national de Lille, Eivind Gullberg Jensen (direction)
Alex Ollé/La Fura dels Baus (mise en scène), Alfons Flores (décors), Josep Abril (costumes), Urs Schönebaum, Georg Veit (lumières), Franc Aleu (vidéo)


(© Patrick Iovino)


Selon le programme, Le Vaisseau fantôme (1843) fut le dernier opéra représenté à l’Opéra de Lille, en 1998, avant sa fermeture pour rénovation. Le voici de retour dans cette salle après une absence plus longue que celle du Hollandais qui, condamné à errer en mer, accoste tous les sept ans.


Montée à l’Opéra de Lyon en 2014, la mise en scène d’Alex Ollé ne révèle rien de neuf sur ce chef-d’œuvre mais elle convient fort bien pour une première approche. Parce que qui dit Alex Ollé dit La Fura dels Baus, et qui dit La Fura dels Baus dit effets spéciaux. Il faut reconnaître que le collectif catalan sait comment s’y prendre pour en mettre plein la vue. Durant l’Ouverture, le navire tangue, la tempête souffle, la mer se déchaîne, la pluie s’abat, les éclairs zèbrent le ciel, et à la fin, les flots engloutissent Senta ; les effets lumineux et vidéographiques se révèlent stupéfiants.


Le bateau, lui, termine sa course dans un cimetière marin, où des ferrailleurs s’empressent de le démanteler. Et de sa carcasse, des fantômes s’échappent comme dans un film fantastique. Du premier degré, donc, mais cette scénographie à l’impact immédiat demeure moderne dans son approche, tout en convoquant l’imaginaire romantique. L’Opéra de Lille ne nous habitue pas à des montages aussi impressionnants et dispendieux, mais observer une direction d’acteur aussi sommaire reste rare sur cette scène. Alex Ollé semble s’intéresser assez peu aux personnages et à ce qui les unit, en particulier la relation entre Senta et son père, et même entre elle et le Hollandais.


Le spectacle flatte l’œil, mais l’oreille, moins. C’est que vocalement, l’efficacité l’emporte sur la séduction, les chanteurs satisfaisant tout juste les attentes minimales. Les voix tiennent la longueur mais évoluent sur un spectre trop étroit, presque en surrégime. Simon Neal livre en Hollandais une prestation de grande rectitude, mais elle paraît trop surveillée et manque même d’un peu d’envergure pour la rendre mémorable ; le baryton cerne de près la psychologie de son personnage, sans lui conférer l’épaisseur attendue. Sincèrement engagée, Elisabet Strid possède de sérieuses ressources pour affronter les exigences du chant wagnérien, qu’elle pratique de par le monde, mais le timbre peine à séduire, surtout dans l’aigu, tandis que la ligne vocale souffre d’irrégularités, à cause d’un chant peu agile et parfois forcé.


Basse bien chantante, Patrick Bolleire incarne un Daland sans grande aura, le rôle nécessitant plus de présence et des graves plus corsés. Quant à David Butt Philip, il peaufine le phrasé et exploite habilement une voix légère et sûre : peu charismatique mais parfaitement profilé, son Erik affiche une certaine tenue. De bons chanteurs se chargent des personnages secondaires : Deborah Humble n’a pas vraiment l’occasion de marquer le rôle de Mary de son empreinte mais Yu Shao met en valeur un beau timbre et tisse une ligne vocale claire et élégante dans celui du Pilote. La forte présence et la prestation vocale très soignée des choristes, qui restent unis dans le troisième acte, témoignent de la consciencieuse préparation effectuée avec Yves Parmentier.


Dirigé par Eivind Gullberg Jensen, l’Orchestre national de Lille se montre sous un soir favorable : exécution claire et structurée, svelte et d’une grande unité de ton, capable, aussi, de puissance et de nuance. Réglant la mise en place avec rigueur, le chef maintient la tension en permanence et échafaude sans relâchement l’arche dramatique géniale de Wagner.



Sébastien Foucart

 

 

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