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Saisons françaises

Paris
Conservatoire national supérieur d’art dramatique
03/02/2017 -  
Joseph Haydn : Les Saisons, Hob.XXI.3
Clémence Barrabé (soprano), Sébastien Obrecht (ténor), Aimery Lefèvre (baryton)
Le Palais Royal, Jean-Philippe Sarcos (direction)


(© François-Régis Salefran)


Donner Les Saisons dans la Salle de l’ancien Conservatoire – malgré une acoustique peu satisfaisante, c’est remonter aux sources. Depuis les extraits dirigés par Habeneck en 1829, le troisième et dernier oratorio de Haydn n’y a guère quitté l’affiche, même si l’on en proposait rarement l’intégralité – mais les programmes de concerts furent longtemps un assemblage de pages isolées. On se souciait peu, aussi, de la langue originale. Cela dit, faut-il aujourd’hui donner Les Saisons en français ? Jean-Philippe Sarcos le pense, rappelant que sur la première édition de l’œuvre, en 1802, figuraient un texte allemand et un texte français – une seconde version proposait un texte allemand et un texte anglais. Reste à savoir si la raison est suffisante... alors que d’illustres chefs britanniques ont dirigé, gravé même, les deux grands oratorios de Haydn dans la langue de Shakespeare. Eternelle querelle ! Voyons plutôt comment a été interprétée cette « version français d’origine ».


Le Palais Royal n’égale pas des formations plus prestigieuses jouant sur instruments d’époque. Dans la première partie, les sonorités sont parfois peu amènes, certaines raideurs se perçoivent. A partir de l’Automne, en revanche, tout s’assouplit et se libère, avant un Hiver tout à fait réussi. Jean-Philippe Sarcos témoigne d’une belle maîtrise de la partition, aussi attaché à la description qu’à la narration : direction colorée et bien construite, qui vise évidemment à l’authenticité à travers le jeu à l’ancienne – la mise en valeur des timbales nous rappelle quelqu’un... Par son énergie, sa verve rythmique, son enthousiasme, cette interprétation pleine de vie séduit aussitôt – d’autant plus que le chœur, excepté une tendance des sopranos à chanter parfois trop bas dans l’aigu, assume vaillamment une partie difficile, notamment quand viennent les chœurs de chasse et de vendanges qui couronnent l’Automne, sans parler des grandes fugues. Faut-il rappeler que Les Saisons sont plus longues et plus exigeantes encore que La Création, déjà donnée in loco, en français, par le même Palais Royal la saison dernière ?


Le trio vocal suscite plus de réserves. Pas vraiment Clémence Barrabé, voix fruitée et bien conduite, à l’émission assez ductile pour émettre des aigus pianissimo – sa Jeanne, cependant, rappelle ici ou là un chant français un peu daté. Sébastien Obrecht, s’il a le mérite de remplacer Kevin Amiel au pied levé, a malheureusement une technique trop limitée pour ne pas se mettre en danger dès qu’est sollicité la quinte aiguë, qui le trahit cruellement dans la partie rapide de l’air que chante Lucas dans l’Hiver. Aimery Lefèvre, lui, souffre d’un engorgement de l’émission perceptible dès son air d’entrée, où l’on sent d’emblée qu’il n’a pas la tessiture de Simon et que les graves de l’air de l’Automne lui feront défaut ; il attend l’Hiver pour trouver vraiment son assise, avec un air d’une belle tenue.



Didier van Moere

 

 

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