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Comme un air de Scriabine... perdu en Bavière

Paris
Philharmonie
02/21/2017 -  et 14, 15, 16 (München), 17 (Luxembourg), 19 (Köln), 20 (Frankfurt) février 2017
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre n° 3, opus 30
Gustav Mahler : Symphonie n° 1

Daniil Trifonov (piano)
Münchner Philharmoniker, Valery Gergiev (direction)


D. Trifonov (© Dario Acosta/DG)


Attirant un public enthousiaste dans une Philharmonie pleine à craquer, le concert donné par Valery Gergiev et l’Orchestre philharmonique de Munich a suscité frustration sinon déception. Le Prélude à l’après-midi d’un faune dévoile d’emblée la couleur générale. Alors que le chef russe avait beaucoup ému dans cette partition donnée en bis de son concert du 21 novembre dernier (avec l’Orchestre du Mariinsky) dans la même salle, Gergiev ne parvient à dessiner qu’un portrait univoque du faune debussyste, aux équilibres très en place mais aux mystères trop violentés. Un Debussy qui se rapproche étrangement de Scriabine, sans que les masses orchestrales ne parviennent à émouvoir.


Par les sonorités monolithiques (notamment dans les cuivres) et la recherche d’un halo de mystère, c’est comme une ombre scriabinienne qui plane encore sur l’accompagnement du Troisième Concerto pour piano de Rachmaninov. Le jeune Daniil Trifonov n’y convainc pleinement qu’à compter du Finale, où le fauve se réveille et la sonorité du clavier se fait enfin plus dense, grâce à une indéniable maîtrise technique et un toucher espiègle, cristallin, bondissant. On reste, en revanche, surpris par la nonchalance passive et le spectre étroit du toucher – quelle sécheresse dans les accords de l’Allegro ma non troppo! – et, plus encore, par cette volonté de déconstruire le phrasé. Les lignes musicales en deviennent même difformes dans le deuxième mouvement. Par les contrastes entre les nuances, ce piano crée trop de vide autour de lui, et trop de chutes de tension. Trifonov n’est guère aidé par un accompagnement orchestral de peu d’intérêt, vite décoratif, souvent raide voire pachydermique... jusqu’au crescendo final, étiré ad nauseam.


Propre, léchée et sans émotion, la Première Symphonie de Mahler ne modifie malheureusement pas le constat. Le premier mouvement flatte l’exactitude métronomique des instrumentistes – notamment dans les dernières mesures, habitées d’une précision diabolique. La justesse de la rythmique et le contrôle impeccable des nuances font regretter des accents sans fêlures et sans mystère. Concentrés et à l’unisson les uns des autres, les musiciens bavarois interprètent comme un seul homme le deuxième mouvement dans un mélange de brio et de perfection formelle. Si la facture est assez idéale dans les deux parties extrêmes – d’une grande vivacité –, le Trio est plus contestable parce que trop traînant. On goûte davantage au troisième mouvement, dans lequel la contrebasse se fait caresse et le hautbois venin, et on y apprécie la remarquable maîtrise rythmique dans le grinçant comme dans le doucereux, qui diffuse une atmosphère fantomatique. L’enchaînement avec le Stürmisch, bewegt n’est perturbé que par une bien vilaine sonnerie de téléphone. Vibrantes, les cordes paraissent enfin briser l’armure et se distinguent par leur engagement (à commencer par celui des altos), même si la concentration extrême des pupitres est loin d’être infaillible. Les cuivres feront également les frais d’une acoustique qui ne pardonne pas les erreurs. Cette orgie organisée a le mérite de la lisibilité, mais l’inconvénient de l’aridité – voire de la froideur.


Le site de Daniil Trifonov
Le site du Philharmonique de Munich



Gilles d’Heyres

 

 

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