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Apothéose

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/10/2017 -  et 4 février 2017 (Bruxelles)
Franz Schubert : Trois Klavierstücke, D. 946 – Schwanengesang, D. 957
Matthias Goerne (baryton), Leif Ove Andsnes (piano)


M. Goerne (© Marco Borggreve)


Moins de public au Théâtre des Champs-Elysées (donc moins de toux) pour la dernière soirée Schubert de Matthias Goerne et Leif Ove Andsnes, qui fut pourtant de loin la meilleure des trois.


A plus d’un titre, car elle a pu permettre d’entendre la pianiste norvégien jouer les Trois Pièces pour piano, une quasi-sonate, tant les développements de chaque mouvement sont au niveau de ceux des dernière sonates de Schubert. On a pu savourer, surtout dans la deuxième pièce dont il fait toutes les reprises, le parfait équilibre entre une sonorité pleine et contrôlée, un jeu parfaitement coloré et une science rythmique impeccable du pianiste. Un grand moment de piano, très généreusement applaudi.


Le Chant du cygne est un recueil posthume de lieder de la dernière année de Schubert qui n’a pas la continuité narrative des deux cycles d’après Wilhelm Müller. On n’y trouve ni le climat de promenade tragique au bord d’un ruisseau de La Belle Meunière ni l’errance sentimentale dans un paysage givré du Voyage d’hiver. La poésie de Ludwig Rellstab traite également de déboires sentimentaux et prépare à celle, plus existentielle, de Heinrich Heine qui conclut le recueil. La mosaïque de ces récits convient mieux au chanteur de tempérament troubadour qu’à celui à la vocation de maître-chanteur et on se souvient, pour les avoir beaucoup écoutées par ces deux interprètes majeurs du siècle passé, qu’elles convenaient mieux à Hermann Prey, plus versatile d’expression et au plaisir de chanter communicatif, qu’à Dietrich Fischer-Dieskau, qui en donnait une lecture plus littéraire et austère.


Le moins qu’on peut dire est qu’elles semblent composées sur mesure pour Matthias Goerne, qui possède par essence un talent communicatif et peut passer instantanément à des humeurs tout à fait opposées. Osons dire, pour avoir beaucoup entendu ce baryton, que cette soirée est de loin la meilleure où on l’ait vu s’illustrer dans ce répertoire. Toutes les réserves vocales, de tempo, d’interprétation, de personnalité que l’ont peut émettre sur ce chanteur, étant parfaitement entendu qu’il reste aujourd’hui le meilleur interprète de ce répertoire, ont fondu devant sa forme vocale éblouissante, sa tenue de la ligne infiniment meilleure que lors des deux soirées précédentes et aussi pour l’interprétation, la part imprévisible et impondérable qui fait les soirées d’exception. Il a entraîné son auditoire dans les méandres de ces lieder pour la plupart tragiques et la fascination générale était palpable. Une fois de plus l’accompagnement posé et très efficace du pianiste norvégien participait à cette tenue générale du concert. Sans vouloir établir de comparaison, on n’avait pas entendu un Chant du cygne aussi accompli et bouleversant depuis une mémorable matinée par Hermann Prey et Wolfgang Sawallisch au début des années quatre-vingts au festival de Munich.



Olivier Brunel

 

 

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