About us / Contact

The Classical Music Network

Marseille

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Strauss en version Meilhac et Halévy

Marseille
Opéra
12/29/2016 -  et 31 décembre 2016, 3, 5, 8* janvier 2017
Johann Strauss : La Chauve-souris
Anne-Catherine Gillet (Caroline), Jennifer Michel (Adèle), Marie Gautrot (Orlovsky), Estelle Danière (Flora), Olivier Grand (Gaillardin), Alexandre Duhamel (Duparquet), Jean-François Vinciguerra (Tourillon), Julien Dran (Alfred), Jean-Philippe Corre (Yvan, Léopold), Carl Ghazarossian (Bidard), Maud Boissière, Léa De Natale, Anna Elena, Maya Kawatake-Pinon, Marion Pincemaille, Laura Ruiz, Andréas Grimaldier, Ikki Hoshino, Lucas Intini, Rémy Kouadio, Mohamed Kouadri, Carlo Schiavo (danseurs), Simon Gilet, Jean Goltier, Agop Kalfayan, Bruno Simon, Elora Romy Gérard, Matteo Laffont, Léon Melis (figurants)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Jacques Lacombe (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (scénographie), Danièle Barraud (costumes), Laurent Castaingt (lumières), Eugénie Andrin (chorégraphie)


(© Christian Dresse)


Dans le corpus des ouvrages de fin d’année, Johann Strauss tient une place privilégiée qui ne se résume pas au rituel du concert radiotélévisé du Musikverein à Vienne. Au demeurant, si le compositeur de valses est généralement associé à la capitale autrichienne, son opérette la mieux conservée au répertoire, La Chauve-souris, est en réalité une adaptation du Réveillon, une pièce de Meilhac et Halévy, les fameux compères qui ont fourni à Offenbach plus d’un de ses succès. Au-delà de la traduction en langue vernaculaire, pour ne pas opposer de filtre inutile dans la compréhension des dialogues, dans une tradition que le fétichisme de l’original a désormais disqualifiée, le retour à la source théâtrale pour le présent ouvrage connaît un regain d’intérêt ces dernières saisons, jusqu’à mélanger le Pontoise originel et le français parlé avec l’allemand pour le chanté dans une récente réussite tourangelle.


Dans sa production ici proposée par l’Opéra de Marseille, Jean-Louis Grinda a, selon ses notes d’intention consignées dans le feuillet du spectacle, choisi d’accentuer la différence bourgeoisie de «banlieue», sinon de province, et le grand monde de la soirée chez Orlovsky, plaçant ainsi l’entracte à la fin du premier acte, quitte à façonner ainsi une seconde partie nettement plus conséquente que la première. Les décors dessinés par Rudy Sabounghi en témoignent, faisant contraster le papier peint vert à motifs de l’intérieur de Gaillardin avec les cotillons de l’antre où reçoit le prince russe et un grand escalier qui se recycle opportunément pour les retournements de l’intrigue dans la prison. Sans négliger les lumières réglées par Laurent Castaingt, les costumes dessinés par Danièle Barraud participent d’une évocation de la Belle Epoque qui ne s’enferme dans la reconstitution, et à laquelle la chorégraphie festive d’Eugénie Andrin donne une vitalité au moins égale aux calembours appuyés de Léopold, le gardien de prison, pataugeant dans la lubrification sémantique de quelque adjectif – rappelons que «gay», employé par Duparquet avec son ami Gaillardin, avait d’abord le sens de «léger, dissipé» voire «immoral», en parlant de mœurs, sans la spécificité dans lequel le vocable se trouve désormais ferré.


Avec une ligne souple et aérée, Anne-Catherine Gillet fait palpiter une Caroline au caractère français assumé, rehaussée par une diction aussi intacte que celle d’Alexandre Duhamel, Duparquet au timbre riche de nuances expressives et doué d’une évidente maîtrise du style qui confirme le remarquable et légitime début de carrière de l’un des meilleurs ex-pensionnaires de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris. On appréciera la santé énergique de Julien Dran, Alfred qui passe en revue le répertoire lyrique dans sa cellule. Olivier Grand souligne à dessein la vanité de Gaillardin, dans une composition de caractère, quand le babil de Jennifer Michel surligne la juvénilité un rien hystérique d’Adèle, aux côtés de la Flora dévolue à Estelle Danière. Marie Gautrot ne caricature pas inutilement le jeu d’Orlovsky. Outre le numéro comique de Jean-Philippe Corre, Léopold à qui revient également l’apparition d’Yvan, et le Bidard de Carl Ghazarossian, on ne s’attardera pas sur le Tourillon de Jean-François Vinguerra, dont l’imposante présence recouvre par chance un instrument aux confins de la péremption lyrique. Saluons enfin les chœurs, préparés efficacement par Emmanuel Trenque, et l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, qui ne démérite aucunement sous la baguette convaincue de Jacques Lacombe.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com