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Tchaïkocirque

Vienna
Konzerthaus
01/12/2017 -  et 13* (Wien), 15 (Dortmund) 16, 17 (Graz), 19 (Bregenz), 22 (Wien) janvier 2017
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon, opus 35 – Symphonie n° 4, opus 36
Patricia Kopatchinskaja (violon)
Wiener Symphoniker, Teodor Currentzis (direction)


T. Currentzis (© Alisa Calipso for Malina image)


Il manquait la première note du concerto! La dynamique piano de la levée marquant l’entrée du soliste fut exagérée avec un tel excès, qu’elle en devenait inaudible et que seule ressortait la note suivante. Voilà un résumé de cette première moitié de programme: une outrance d’effets dénaturant la musique de Tchaïkovski. L’affiche promettait d’être intéressante: Patricia Kopatchinskaja et Teodor Currentzis, deux trublions dans un programme absolument classique. Les deux se connaissent bien – ils ont de plus récemment enregistré l’œuvre – et si les avis sur le disque sont plutôt réservés, demeurait toutefois une certaine curiosité auditive. En concert en revanche, leurs excentricités dépassent les bornes. Entre détimbrés inaudibles, jetés d’archet paganinesques et ondulations monstrueuses de tempi à donner le «mal de concert», il ne reste qu’une succession d’instants assez laids et absolument inutiles; le seul moment où cela fonctionne est, sans surprise, durant la cadence. Bien sûr, on y entend de bonnes idées – certainement, les artistes sont virtuoses; mais tout cela est noyé dans un déluge hystérique et insincère de mauvaises intentions. Comme si cela ne suffisait pas, il faut en plus supporter la comédie visuelle balourde des deux loustics: entre la violoniste habillée en haillons postmodernes et le chef en skinny jeans, on assiste à une surenchère de pitreries amusicales destinées à épater le public et à oblitérer la partition. Pour ceux qui désirent éviter des lectures trop traditionnelles, sachez qu’il y a le choix: Ivry Gitlis, Laurent Korcia, entre autres, ont su instiller originalité et accents tziganes tout en évitant de piétiner l’œuvre.


Retour à Tchaïkovski en seconde partie, les vingt minutes de pause n’étant pas superflues pour évacuer le stress et l’agressivité accumulés durant le concerto. Les extravagances de Currentzis, pourtant bien réelles, semblent désormais minimisées: les musiciens se lancent à corps perdu dans la symphonie, superposant lyrisme passionné du thème et frissonnements angoissants des contrechants. Comme d’habitude avec ce chef, les tempi évoluent de manière organique avec la musique: mais ce sont ces moments où la musique se fige et se répète avec une parfaite régularité, créant un effet abstrait et hypnotique, qui sont particulièrement marquants. Le deuxième mouvement est le point faible de la symphonie, les musiciens semblant peu à l’aise dans le phrasé particulier du thème voulu par le chef. Le scherzo reprend vie, retenant la rythmique pour mieux en marquer les saveurs folkloriques; le dernier mouvement conclut avec une débauche d’énergie, fort utile pour nous remettre de nos émotions.



Dimitri Finker

 

 

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