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Révélation dominicale

Vienna
Musikverein
12/17/2016 -  et 18* (Wien), 20 (Paris), 21 (Köln) décembre 2016, 11 (München), 12, 13 (Praha) mai 2017
Bedrich Smetana : Má Vlast
Wiener Philharmoniker, Daniel Barenboim (direction)


D. Barenboim (© Peter Adamik)


Il y a des concerts dont le souvenir reste gravé toute une vie: cette lecture de Ma Patrie en fera probablement partie. Oh certes – on peut certes dénicher des versions plus typiquement tchèques, plus humanistes. Mais cette combinaison de fraîcheur interprétative de l’orchestre qui donne l’impression de jouer à l’instinct, avec ce poli un peu formel de la part du chef, a quelque chose d’absolument enivrant. Les vents sont en pleine confiance et lancent sans arrière-pensées les solos les plus risqués: entrées à l’unisson des cors dans les aigus, solos de hautbois aux limites du souffle... L’occasion («enfin!» diront certains) d’entendre les spécificités viennoises de timbres sans aucun compromis avec la fiabilité. Les cordes emportent tout sur leur passage: saviez-vous qu’il est possible de tomber amoureux d’une section d’altos? Ecoutez les premières pages du quatrième poème symphonique (Par les près et les bois de Bohème) pour en être convaincu. Les contrebasses articulent comme des machines à coudre, les violons engloutissent leurs traits à toute allure, et tout cela sans perdre la richesse agogique de la partition.


L’auditeur qui fait l’effort de se plonger dans la partition d’orchestre pourra noter la surabondance d’indications de phrasés notés par Smetana: accents, suivis de crescendo/decrescendo resserrés, aboutissant à une nouvelle dynamique soulignée par un sforzando – le tout en l’espace d’une mesure, et devant être multiplié par le nombre d’instruments, car les nuances et accents sont le plus souvent individualisés voix par voix. Cette succession de casse-tête interprétatifs débouche le plus souvent soit sur une lecture terne (les musiciens n’ayant pas suffisamment défini leurs choix) soit sur une lecture crispée (les instructions du chef n’ayant pas été suffisamment digérées). Rien de tel ici: cette profusion de nuances est délivrée avec précision et naturel. Ici aussi, les musiciens parviennent à allier les opposés: d’un côté une vision motorique portée par Barenboim, faisant à juste titre de la ponctuation rythmique une des pierres d’angle de ces pièces, le chef n’hésitant pas à relancer les thèmes avec vigueur et à les faire flamboyer pour un impact auditif maximal; de l’autre, la sérénité des instrumentistes, qui maintiennent la tension des phrasés sans forcer et varient leurs timbres à l’infini.


Les habitants à Vienne ont assurément le privilège d’écouter leur Philharmonique régulièrement (tous les soirs, ou presque dans la fosse de l’opéra; et près d’une cinquantaine de représentations annuelles) – mais certaines écoutes restent de véritables révélations.



Dimitri Finker

 

 

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