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Mahler en filigrane

Paris
Salle Pleyel
06/08/2001 -  
Alban Berg : Trois pièces extraites de la « Suite
lyrique »

Alma Mahler : Six Lieder (orchestration : David et Colin Matthews)
Richard Strauss : Une Vie de héros, opus 40


Iris Vermillion (mezzo)
Orchestre philharmonique de Radio France, Gabriel Chmura (direction)

Remplaçant Yutaka Sado, l’un des chefs invités favoris de l’orchestre, Gabriel Chmura n’en assure pas moins l’intégralité du programme prévu. Il est vrai qu’il aurait été dommage de remettre en cause sa cohérence, non seulement en tant qu’éclairage sur le postromantisme germanique, mais aussi parce que Mahler, quoique ses œuvres fussent absentes de la soirée, en était en quelque sorte le dénominateur commun, avec l’un de ses fils spirituels (Berg), son épouse (Alma Mahler) et, en quelque sorte, son frère ennemi (Richard Strauss, né seulement quatre ans après lui).


Dans les trois pièces de sa Suite lyrique que Berg étendit à un grand orchestre à cordes deux ans seulement après l’achèvement de la version (en six mouvements) pour quatuor, Gabriel Chmura semble d’abord chercher ses marques (andante amoroso, un intitulé bien mahlerien, au demeurant, celui de la seconde Nachtmusik de la Septième symphonie), mais, sans jamais exaspérer les tensions et l’expressionnisme de la partition, parvient ensuite à susciter un intérêt croissant.


Après un bouquet de lieder avec orchestre de Mahler donnés dans différentes enceintes depuis la fin du mois d’avril, la saison parisienne se poursuit avec une intéressante mise en perspective : six lieder d’Alma Mahler (sur un total de quatorze conservés) composés entre 1900 et 1910, puis orchestrés en 1995 par les frères (David et Colin) Matthews. L’univers esthétique de ces mélodies évoque davantage Zemlinsky ou le jeune Berg que Mahler lui-même. De même, les poètes choisis (Dehmel et Falke deux fois chacun, ainsi que Rilke et Bierbaum) sont ceux de Richard Strauss (qui met en musique au même moment qu’Alma Mahler Waldseligkeit de Dehmel), Berg, Schönberg et Zemlinsky. Familière de ce répertoire, la mezzo Iris Vermillion met parfaitement en valeur les mots et les notes, grâce à la richesse de son timbre et à la sûreté de sa tessiture. Une once supplémentaire d’engagement n’aurait sans doute pas nui l’ensemble, mais il est vrai que les lieder sélectionnés privilégiaient les demi-teintes.


Presqu’exactement contemporain, Une Vie de héros trouve dans le chef israélien un interprète inspiré, tout particulièrement dans le dernier tiers (après la fameuse bataille). Ce qui précède donne parfois l’impression d’être survolé et de manquer de sens narratif (respirations, continuité), avec des tempi relativement rapides qui n’allègent pas pour autant la pâte orchestrale. Le manque de lisibilité dans les passages les plus contrapuntiques ne pouvant raisonnablement être attribué à une orchestration aussi proche de la perfection, il faudra peut-être une fois de plus incriminer l’acoustique trop souvent confuse de Pleyel.




Simon Corley

 

 

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