About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un opéra de concert en images

Paris
Opéra Bastille
06/05/2001 -  et 8, 11, 14, 16, 19, 22 juin 2001
Hector Berlioz : La Damnation de Faust
Giuseppe Sabbatini (Faust), José Van Dam (Méphistophélès), Jennifer Larmore (Marguerite), Clayton Brainerd (Brander)
Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Paris, Seiji Ozawa (direction)
Robert Lepage (mise en scène)


Coproduit avec le Festival Matsumoto et créé l’année dernière par Seiji Ozawa avec «son» orchestre, le Saito Kinen, cette Damnation de Faust arrive pour tout le mois de juin à l’Opéra Bastille. On connaît les qualités du chef japonais dans le répertoire français, mais l’on est, une fois de plus, impressionné. Rendant toutes les richesses de cette partition hétéroclite dans une épure générale très cohérente, il semble avoir trouvé la «pierre philosophale» de la Damnation : finesse du trait, souplesse, délicatesse, clarté de la mise en place, frénésie contrôlée. Seiji Ozawa est le grand triomphateur de la soirée et confirme ses affinités avec les excellents instrumentistes de l’Orchestre de l’Opéra, qu’il connaît depuis 1979, date de sa première invitation à l’Opéra de Paris.


De timbre aigri et de souffle court, le Faust de Sabbatini fait tâche dans une distribution exceptionnelle réunissant un Van Dam en grande forme dont la voix subtile et robuste garde une sève inimitable, une Jennifer Larmore radieuse et lumineuse qui fige le théâtre dans «Autrefois un roi de Thulé», et un très bon Brander (Clayton Brainerd). Ayant fort à faire, le Chœur signe une prestation quasi parfaite, dès sa première et périlleuse intervention, la «Danse des paysans» jusqu’aux dernières, le chœur des démons puis celui des anges.


Rompant avec la profondeur de la scène, le québécois Robert Lepage choisit un dispositif frontal de 24 cases dont la verticalité offre un nouveau champ d’expérimentations visuelles. Solistes, chœurs, danseurs et acrobates évoluent ainsi tout au long de l’opéra sur des images projetées. Certaines sont particulièrement réussies comme les images aquatiques durant le «Ballet des Sylphes» ou les flammes entourant Marguerite au début de la quatrième partie («D’amour l’ardente flamme consume mes beaux jours»). La division de l’espace scénique en cases permet une fragmentation et une répétition d’événements (multiples «Faust dans son cabinet de travail», la danse des follets, la «Course à l’abîme» sur des chevaux en ombres chinoises) ou au contraire une focalisation sur une seule image (le visage de Faust endormi pendant son songe). On est séduit par la variété des techniques mise en œuvre par celui qui a créé une compagnie, Ex Machina, réunissant comédiens, chanteurs, vidéastes, acrobates, musiciens... mais, dans le même temps, insatisfait par un manque de cohérence et d’allant, quelques traits un peu trop appuyés (cinq Christ en croix !), quelques lourdeurs d’un dispositif souvent bruyant. Un peu d’épure n’aurait pas fait de mal !





Philippe Herlin

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com