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Un grand chef à la Cité

Paris
Cité de la Musique
11/26/1999 -  

Vendredi 26 novembre, 20 heures
Igor Stravinsky : Dumbarton Oaks, Concerto en mi bémol majeur ; Thomas Adès : Concerto Conciso op. 18 ; György Kurtág : …quasi una fantasia… ; Kenneth Hesketh : The Circling Canopy of Night ; Igor Stravinsky : Renard
Rolf Hind (piano) ; Nigel Robson et Neil Jenkins (ténors) ; Stephen Roberts et David Thomas (basses)
Birmingham Royal Ballet, Oliver Hindle (chorégraphie)
Birmingham Contemporary Music Group, Sir Simon Rattle (direction)

Paris
Cité de la Musique
Samedi 27 novembre, 20 heures
Gabriel Fauré : Dolly (orchestration Henri Rabaud) ; Claude Debussy : La Boîte à joujoux (orchestration André Caplet) ; Igor Stravinsky : Petrouchka (version de 1947)
City of Birmingham Symphony Orchestra, Sir Simon Rattle (direction)

Lors du premier concert de Simon Rattle, ouvert à la jeune création contemporaine, les vétérans ont triomphé sans péril. Les vétérans, ce sont Stravinsky, toujours impérial, mais aussi Kurtag. La relève, incarnée par Adès et Hesketh, a fait un peu pâle figure. La pièces d’Adès commence bizarrement. Un fouillis rythmique, le passage rapide d’un instrument à l’autre, on ne sait où l’on va, et un bouillonnement très cuivré, très jazz, finit par émerger : après la stupeur, on est séduit. Le langage est assez tonal (au sens large), mais avec des harmonies assez pauvres. Vient ensuite un mouvement plus élégiaque. Cela commence bien, mais la pièce perd alors toute intensité. A la fin, on ne repense plus qu’à ce début tonique. Il ne reste pas grand chose. Quant à la pièce de Hesketh, elle fait appel à un effectif très vingtième siècle : beaucoup de percussions, beaucoup d’instruments à résonance. Un discours tonal est accompagné d’une pluie de percussions et de thèmes plus ou moins atonaux. Ce n’est pas laid, mais cela manque singulièrement de force. Pendant près de vingt minutes, on attend qu’un véritable discours soit conduit : on se dit parfois que la musique pourrait ne jamais s’arrêter. Plus que dérangeante, la musique est finalement ennuyeuse, laissant indifférent. Notons cependant que les deux pièces sont servies avec amour par Rattle et son groupe, et que l’on se prend parfois à apprécier quelques beaux effets de timbre.

Heureusement, il y avait la pièce de Kurtag, chaudement ovationnée par le public parisien (ainsi que le compositeur présent, d’ailleurs). Une partie des musiciens joue en dehors de la scène, formant un carré bi-stéréophonique qui encercle le public. C’est très important pour l’effet sonore de la pièce. Hommage à la Sonate pour piano op. 27 n°1 « Quasi una fantasia » de Beethoven, …quasi una fantasia… est construite en arche : un début très poétique, un crescendo, un moment très violent, puis un retour au calme. Les motifs sont souvent traités en canon, de manière très lisible. La pièce joue sur une suite d’effets, mais sans que l’on puisse y voir une limite. L’intensité est sans cesse soutenue, l’orchestration est chaleureuse, avec des harmonies un peu sales et des alliages insolites qui font notre bonheur. Une petite merveille dont on regrette qu’elle ne rende pas autant en enregistrement.

Enfin, en matière de chefs d’œuvre, il y a le classique et moderne Stravinsky, concertant dans Dumbarton Oaks, et rutilant dans Renard. Ce dernier était présenté avec un ballet classique… très classique. On aurait préféré une chorégraphie aussi folle que la musique, mais n’en demandons pas trop (elle n’était pas mal faite). Il n’est de toute façon pas désagréable que la musique soit restée première, la puissance de l’image pouvant lui être fatale (en termes d’attention de l’auditeur). Rattle dirige ses ensemble avec une perfection réellement impressionnante. C’est très clair, très lisible, et aussi très vivant.

Le concert du lendemain présentait le grand orchestre de Birmingham, dans un programme qui avait le mérite d’être peu fréquenté : Dolly de Fauré, orchestré par Henri Rabaud, La Boîte à joujoux de Debussy, orchestrée par André Caplet, et la réorchestration de 1947 de Petrouchka par Stravinsky lui-même. Dolly et La Boîte à joujoux ne sont pas les chefs d’œuvre de Fauré et de Debussy, mais ce sont des partitions intéressantes. Quant à la version de 1947 de Petrouchka, à laquelle les chefs préfèrent généralement la version de 1911 (pour plus grand orchestre), elle est vraiment très intéressante et très belle. Si, par habitude, on peut lui préférer la première version, on doit reconnaître que celle de 1947 est excellemment orchestrée. Tout au long du concert, l’Orchestre de Birmingham a montré quelques faiblesses au niveau des vents (les bois plus que les cuivres), dont la sonorité pourrait être plus belle, et surtout, être plus proche des cordes. Ces faiblesses sont cependant largement compensées par la musicalité de l’ensemble. Rattle dirige avec beaucoup d’idées, en donnant un véritable sens et un souffle aux partitions. Avec le plus grand naturel. On a hâte de l’écouter à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin.


Stéphan Vincent-Lancrin

 

 

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