About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

L’autre Falstaff

Vienna
Theater an der Wien
10/12/2016 -  et 14, 16, 19, 21, 23* octobre 2016
Antonio Salieri: Falstaff
Christoph Pohl (Falstaff), Anett Fritsch (Mrs. Alice Ford), Maxim Mironov (Mr. Ford), Alex Penda (Mrs. Slender), Arttu Kataja (Mr.Slender), Mirella Hagen (Betty), Robert Gleadow (Bardolfo)
Arnold Schoenberg Chor, Erwin Ortner (chef de chœurs, Akademie für Alte Musik Berlin, René Jacobs (direction)
Torsten Fischer (mise en scène), Herbert Schäfer et Vasilis Triantafilopoulos (décors et costumes), Torsten Fischer et Ralf Sternberg (lumières), Herbert Schäfer (dramaturgie), Pavel Strasil (chorégraphie)


(© Herwig Prammer)


Joue-t-on encore Salieri de nos jours? On ne peut ainsi qu’être reconnaissant envers le Theater an der Wien de réinviter René Jacobs pour dépoussiérer cette partition avec une vigueur peu commune. Les premières notes de l’Ouverture sont à peine lancées que musique et mise en scène décollent à une allure supersonique: mini-arias, récitatifs, chœurs et ballets chorégraphiés s’enchaînent à un rythme qui laisserait (presque) Mozart à la traîne. L’Akademie für Alte Musik de Berlin (Akamus en abrégé) souligne avec impertinence des effets instrumentaux parfois surprenants: les doublures entre instruments et chanteurs pourraient sonner surannées, les appogiatures archaïques, mais sous la direction de René Jacobs elles prennent une tournure moderne fort réjouissante. Le chef appuie en effet sur les dissonances douloureuses, fait exagérément traîner les tenues des basses pour en révéler le ressort comique: bref, tous les moyens sont bons pour métamorphoser cette partition (composée en 1799, mais dont le style paraît souvent plus proche de Gluck que postérieure à Mozart) en comédie virevoltante.


Et même si la musique ne recèle pas la richesse multidimensionnelle des opéras de Mozart, les chanteurs parviennent y apporter une complexité inattendue: le Falstaff de Christoph Pohl apparait simultanément arrogant, voyou et déplaisant mais aussi décalé, pitoyable voire apitoyant. Son sbire Bardolfo (Robert Gleadow) impressionne autant par son lyrisme dramatique, son timbre vibrant que par son art consommé de la pantomime. Les deux rôles principaux féminins offrent un contraste absolu: Alex Penda (Mrs. Slender) en blonde explosive, aux aigus éclatants d’un côté – Anett Fritsch (Mrs. Ford) de l’autre, métamorphosée en Kate Middleton, qui chante comme elle respire et possède l’art de mettre du souffle dans sa voix sans détimbrer. Leurs maris (Arttu Kataja et Maxim Mironov) ainsi que la femme de chambre (Mirella Hagen) sont tout aussi indéniablement irréprochables, instillant exaltation, bouffonnerie et pétulance dans leurs rôles respectifs.


Un succès irrévérencieux de cet autre Falstaff qui déploie de gros moyens musicaux et techniques et renouvelle la découverte de l’an dernier dans l’autre Barbier autour de René Jacobs.



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com