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Création continue

Vienna
Konzerthaus
10/04/2016 -  et 5 octobre 2016
Richard Wagner : Siegfried-Idyll
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 1, opus 15
Felix Mendelssohn Bartholdy : Symphonie n° 4, opus 90 «Italienne»

Alexander Melnikov (piano)
Camerata Salzburg, Teodor Currentzis (direction)


T. Currentzis (© Nina Vorobyova)


Teodor Currentzis serait-il la nouvelle coqueluche du Konzerthaus? En charge de lancer la nouvelle saison au Konzerthaus, le voici déjà de retour pour deux soirées et se préparant à revenir régulièrement en 2017 pour diriger l’Orchestre symphonique de Vienne ou son ensemble Music Aeterna. Ma voisine est en tout cas une groupie, et me confie son émotion à redécouvrir les œuvres avec le jeune chef grec. Il est vrai que Currentzis a un sens du théâtral qui sort de l’ordinaire: apparaissant en bras de chemise dans la première partie, ses membres dégingandés n’en paraissent que plus filiformes, soulignant des gestes excentriques qui se propagent comme des vibrations du poignet vers les genoux. Et lorsqu’il se tourne aux trois quarts vers la salle ou déambule en spirale sur son podium, on conçoit assez bien ce que Roberto Benigni ferait sur le podium face à un orchestre.


Siegfried-Idyll ouvre le programme de manière étonnamment mobile, presque dansante: il n’y a pas de voix dans la partition, mais les interprètes questionnent et dialoguent plus que ne le feraient des chanteurs. Les phrases sont comme suspendues à des fils invisibles, qui les maintiendraient avec élasticité en lévitation. De manière miraculeuse, malgré les modulations continues de tempo, l’homogénéité et la transparence sont conservées: dans de telles circonstances, un autre chef n’aurait sans doute obtenu qu’une soupe dégoulinante de bons sentiments wagnériens.


Alexander Melnikov s’installe ensuite en plein milieu de l’orchestre, face au public – le couvercle de son piano retiré. Cette mise en place produit un son étrange, quelque peu lointain et désincarné, mais offrant aussi une perspective originale sur le timbre des pianofortes: l’ancien avec tout le confort moderne en quelque sorte. Là aussi triomphe une vision opératique offrant des phrasés infiniment variés. Il ne doit pas être aisé de trouver des solistes qui sachent (ou veuillent) épouser la fantaisie créatrice de Teodor Currentzis: ces deux compères ont en tout cas des choses fort intéressantes à raconter, et ils le font d’une seule et même voix. Les traits de virtuosité du pianiste sont décochés avec un assemblage de rigueur rythmique et d’accentuations virevoltantes; le moment le plus extraordinaire se révèle être la cadence du premier mouvement, d’une imagination et d’un modernisme à peine imaginables, jouée comme si elle était improvisée par le compositeur en personne.


La Symphonie «Italienne» réserve elle aussi son lot de surprises: on pense parfois à Harnoncourt dans la manière organique de propulser et suspendre les phrasés, en phase avec la respiration des musiciens. Parfois intériorisés, parfois martiaux, les mouvements ne cessent de nous prendre à contrecourant. Le saltarello du dernier mouvement est pris à un tempo exalté mais à la limite du jouable, nécessitant parfois des compromis avec l’articulation rythmique.


Le programme se conclut avec théâtralité, plongeant le public dans le noir pour un bis inattendu (Psalom d’Arvo Pärt), seul un rayon de lumière illuminant les mains du chef.



Dimitri Finker

 

 

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