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Bach au chœur

Vézelay
Basilique
08/20/2016 -  et 23 (Massy), 24 (Compiègne), 25 (Suresnes) mars, 27 mai (Yvré-l’Evêque), 23 (Vichy), 24 (Périgueux) août 2016
Johann Sebastian Bach : Passio secundum Johannem, BWV 245
Fernando Guimarães (Evangéliste), Rachel Redmond (soprano), Margot Oitzinger (alto), Enguerrand de Hys (ténor), Victor Sicard (basse, Jésus), Nicolas Brooymans (Pilate)
Ensemble Les Surprises, Louis-Noël Bestion de Camboulas (direction artistique), Ensemble Aedes, Mathieu Romano (direction musicale)




Haut lieu du christianisme et du tourisme français, rayonnant d’histoire et de spiritualité, Vézelay constitue une étape essentielle dans l’été du mélomane. Pendant quatre jours d’août – et de concert avec la Cité de la voix, sise dans le village bourguignon, dont Nicolas Bucher a repris les rênes cette année, et qui accueille en résidence l’ensemble Arsys Bourgogne, avec Mihály Zeke en successeur de Pierre Cao – les Rencontres musicales de Vézelay conjuguent les cordes vocales dans une variété de déclinaisons et de répertoires qui ne se limitent pas au corpus sacré, de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine aux afters dans les jardins de la terrasse. Et quand il s’agit des grandes œuvres de la littérature musicale, ce n’est jamais pour se laisser confire dans les incertitudes de la tradition.


La dernière soirée, du samedi, en témoigne, avec une Passion selon saint Jean confiée à la nouvelle génération: Mathieu Romano et son chœur Aedes, auxquels se joignent les membres de l’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas. Rompu à la pratique chorale, le chef français livre dans sa lecture un équilibre inédit entre urgence dramatique et recueillement. Les tempi allants impriment d’emblée un mouvement, sinon un élan, qui s’appuie sur une certaine décantation de la matière sonore, dans une perspective presque intimiste, sans avoir pour autant besoin de se contraindre à des pupitres unitaires. On appréciera la modulation des effectifs, dans des airs où l’accompagnement se dépouille parfois jusqu’à la basse continue, tandis que certains chorals sont joués a cappella, ménageant ainsi des contrastes entre la pureté liturgique et le tissage du drame évangélique.


Les chœurs en ressortent magnifiés, confirmant la remarquable maîtrise de Mathieu Romano, ici dans son élément: on retiendra, entre autres, les scènes de foule, sculptées avec une enivrante précision, fruit d’une exceptionnelle restitution polyphonique, transsubstantiant l’acoustique des lieux. Sans doute cet éclairage accru sur les forces chorales, à l’évidence au diapason de l’esprit de festival, relègue-t-il un peu dans une relative pénombre Les Surprises, dont le relief expressif se trouve passablement patiné, Peut-être par l’aura d’une direction musicale d’abord vocale.


Outre les interventions solistes tirées des chœurs, à l’image de Nicolas Brooymans, solide Pilate à la crédibilité perceptible, se détache du plateau le ténor Enguerrand de Hys, distillant une musicalité raffinée, en particulier dans les mélismes imitatifs de son second air, «Erwäge», qui font oublier une émission parfois serrée à son entrée dans la première partie de l’ouvrage – le trac accusera-t-on. La soprano Rachel Redmond n’est pas en reste, avec un timbre fruité et délicat, teinté d’innocence, qui épouse les nuances de son texte. L’intelligence de Margot Oitzinger compense le calibre parcimonieux de son instrument, qui s’épanouit cependant dans un «Es ist vollbracht» d’une justesse sans ostentation. Jeune comme l’ensemble de ses partenaires, Victor Sicard restitue la picturalité de son air avec chœur, «Eilt, iht angefocht’nen Seelen», tandis que son Jésus manque de profondeur et de maturité. Quant à l’Evangéliste, son absence eût sans doute été moins dommageable que la théâtralité caricaturale, sinon grandguignolesque dans la rhétorique faciale, d’un Fernando Guimarães dont les ressources ne justifient aucunement l’audience dont il bénéficie dans les salles et les festivals français.



Gilles Charlassier

 

 

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