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Le mistral clôt les Chorégies

Orange
Théâtre antique
08/03/2016 -  et 6* août 2016
Giuseppe Verdi : La traviata
Ermonela Jaho (Violetta Valéry), Ahlima Mhamdi (Flora Bervoix), Anne-Marguerite Werster (Annina), Francesco Meli (Alfredo Germont), Plácido Domingo (Giorgio Germont), Christophe Berry (Gastone di Letorières), Laurent Alvaro (Il Barone Douphol), Pierre Doyen (Il Marchese d’Obigny), Nicolas Testé (Il Dottore Grenvil), Rémy Mathieu (Giuseppe)
Chœur d’Angers-Nantes Opéra, Xavier Ribes (chef de chœur), Chœur de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef de chœur), Chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef de chœur), Orchestre National Bordeaux-Aquitaine, Daniele Rustioni (direction musicale)
Louis Désiré (mise en scène), Jean-Michel Criqui, Didier Kersten (assistants à la mise en scène), Diego Méndez Casariego (scénographie et costumes), Nicolò Cristiano (assistant à la scénographie et aux costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© Philippe Gromelle Orange)


Pour la seconde représentation de La Traviata aux Chorégies d’Orange, le mistral s’est invité sur la scène du Théâtre antique. Les très violentes rafales de l’après-midi ont fait craindre le pire, mais fort heureusement le vent s’est calmé en début de soirée. La représentation a donc pu se dérouler plus ou moins normalement, contrairement au concert lyrique de la veille, ponctué, lui, de fortes bourrasques. Les musiciens de l’Orchestre National Bordeaux-Aquitaine ont eu beaucoup de mérite à jouer ce soir-là, car les partitions se sont souvent envolées dans toutes les directions. La soprano Sonya Yoncheva a semblé ne pas trop souffrir des conditions climatiques et a offert une prestation somptueuse, avec notamment un émouvant « Pleurez mes yeux » extrait du Cid et un superbe « Vissi d’arte » de Tosca. Par contre, il n’en a pas été de même du ténor Saimir Pirgu, au français très approximatif et dont l’instrument ne possède pas l’ampleur de celui de sa collègue, à plusieurs reprises couvert soit par l’orchestre soit par le vent.


Pour en revenir à La Traviata, la représentation de samedi laissera le souvenir d’une production, si ce n’est mémorable, du moins très aboutie, grâce notamment à une distribution vocale de haut vol et à une direction musicale idiomatique. Bien évidemment le Théâtre antique a fait le plein, comme mercredi du reste, où la première a été suivie en outre par plus d’un million de personnes sur France 3, en léger différé. Après avoir incarné Cio-Cio San il y a un mois sur cette même scène, la soprano albanaise Ermonela Jaho a sauvé La Traviata en acceptant de remplacer au pied levé Diana Damrau dans le rôle-titre, une semaine à peine avant la première. La chanteuse allemande avait commencé de répéter à Orange tout en faisant des aller-retour à Madrid, où elle chantait Les Puritains. La fatigue explique certainement son annulation. Quoi qu’il en soit, Ermonela Jaho n’a pas fait regretter Diana Damrau : physique élancé et sensibilité à fleur de peau, elle a incarné une Violetta au tempérament de feu et à la ligne vocale très sûre durant les trois actes, mis à part un léger vibrato et des minauderies d’un goût douteux. Francesco Meli a été le plus ardent et le plus passionné des Alfredo, avec son chant solaire et frémissant et son timbre clair et sonore. De retour à Orange après 39 ans d’absence, Plácido Domingo a offert un Germon père d’une grande musicalité, quand bien même son incarnation était un peu en retrait, manquant de caractère et d’autorité. Il n’empêche, il a été particulièrement applaudi aux saluts finaux. Le jeune chef Daniele Rustioni a été un spectacle à lui tout seul. Dirigeant par cœur, il fallait le voir esquisser des gestes amples et se balancer au rythme de la musique. Pas toujours très fine ni délicate, sa direction n’en a pas moins été alerte et enjouée, nerveuse et sensuelle. Habitué des Chorégies, Louis Désiré a su très habilement occuper l’immense espace du Théâtre antique, avec sobriété et esthétisme, plaçant un immense miroir brisé au centre du plateau, contre le mur imposant.


Les choses commencent de changer à Orange. Cette année, des écrans projetant le livret ont fait leur apparition. Le programme général des Chorégies a été remplacé par des programmes pour chaque spectacle. Contrairement aux habitudes, le flyer annonçant les représentations de l’année prochaine n’a pas été distribué cette fois. On peut imaginer que le nouveau directeur, Jean-Louis Grinda, entend peut-être apporter des retouches à la programmation 2017, imaginée encore par son prédécesseur, Raymond Duffaut, quand bien même il sera difficile de modifier les titres prévus (Rigoletto et Aida). Il faudra attendre 2018 pour voir si les choix plus audacieux déjà annoncés par Jean-Louis Grinda lui-même se concrétiseront.



Claudio Poloni

 

 

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