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Jeune festival

Saint-Etienne
Pommiers (Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul)
08/05/2016 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 14 «Quasi una fantasia», opus 27 n° 2 – Duo pour alto et violoncelle «Mit zwei obligaten Augengläsern», WoO 32 – Sérénade pour trio à cordes, opus 8 (#) – Bagatelle «Für Elise», WoO 59
Philippe Hersant : Onze Caprices pour alto et violoncelle (extraits)
Pierre Boulez : 12 Notations (extrait)
Johannes Brahms : Quatuor avec piano n° 3, opus 60

Yossif Ivanov, Liya Petrova (#) (violon), Adrien La Marca (alto), Christian-Pierre La Marca, Aurélien Pascal (#) (violoncelle), François-Frédéric Guy (piano)




Les festivals vont mal, c’est entendu, puisque l’occasion est hélas trop souvent donnée, ces derniers temps, de déplorer ceux qui disparaissent ou s’éclipsent – Annecy étant le dernier en date – sans parler de ceux qui ne s’en sortent qu’en réduisant la voilure. Mais certains, même tout jeunes, viennent apporter une touche plus claire à ce sombre paysage, comme Valloire Baroque, âgé de sept ans. De création encore plus récente, les Musicales de Pommiers, à trente kilomètres au sud-ouest de Roanne, se portent également fort bien: les deux concerts de la première édition, en 2013, sont devenus deux week-ends complets (du vendredi soir au dimanche soir), comprenant au total huit concerts et deux «promenades musicales» entre le 5 et le 14 août.


C’est, comme à Forcalquier avec les frères Jean-Guihen et Pierre-Olivier Queyras, une affaire de famille: les frères La Marca, Christian-Pierre (né en 1983), le violoncelliste, et Adrien (né en 1989), l’altiste, plutôt que de former un quatuor à cordes avec les sœurs Nemtanu, toutes deux violonistes – on plaisante, bien sûr – ont préféré fonder un festival. A vrai dire – comme Jean-François Queyras à Forcalquier – leur père, également musicien, a joué un rôle essentiel dans cette manifestation, qu’il a conçue et dont il a choisi le lieu. Mais il est parti peu de temps avant d’en avoir vu la concrétisation, que ses deux fils ont tout naturellement eu à cœur de mener à bien en sa mémoire.


Le projet est aussi simple qu’ambitieux: «l’excellence artistique au cœur de la Loire». Les invités de cette édition 2016 en témoignent, au-delà même des jeunes partenaires fidèles aux deux directeurs artistiques: François-Frédéric Guy, Lise de la Salle et Michel Portal, mais aussi Yaron Herman et le Sirba Octet. Et il n’y en a pas que pour les oreilles, car le soir, la silhouette du site, un ancien prieuré clunisien, se découpe sur les verts paysages du Forez et, une fois parvenu au sommet de la petite élévation, on découvre un bel ensemble de bâtiments entourant l’église romane Saint-Pierre et Saint-Paul (XIe-XIIe).


La soirée inaugurale s’intitule «Hommage à Beethoven»: il y a certes plus original, puisqu’à Salon-de-Provence, par exemple, le compositeur était déjà à l’honneur. Et dès qu’on parle de Beethoven, on n’est pas surpris de voir François-Frédéric Guy, présent quant à lui trois jours plus tôt à La Roque-d’Anthéron. On ne se plaindra pas pour autant de le réentendre dans la Quatorzième Sonate pour piano «Clair de lune» (1801), même si les conditions acoustiques se révèlent radicalement différentes: comme souvent dans les édifices religieux, dès que le tempo devient rapide, les détails sont noyés, mais le Yamaha donne parfois une impression véritablement cataclysmique. Mais pas de Sonate «Pathétique», en revanche, contrairement à ce qui était annoncé dans le programme.


De même, sous ces voûtes, les cordes sont flattées, ce que confirme d’emblée le Duo «des lunettes» (1797), servi avec grâce par Adrien et Christian-Pierre La Marca, qui en viennent ensuite à de courtes pages de Philippe Hersant: quelques jours après la création d’une de ses œuvres à Salon-de-Provence, le compositeur, succédant à Thierry Escaich, est en résidence cette année à Pommiers. Malgré la brièveté des Onze Caprices, d’abord écrits pour deux violons (1994), puis adaptés pour deux violoncelles (2003) et pour deux altos (2008), le public ne pourra découvrir que six de ces pièces tirées pour partie de la musique destinée à un spectacle autour de Kafka: dommage, car sans rechercher la densité des aphorismes de Webern ou de Kurtág, elles déclinent avec subtilité les titres pince-sans-rire et décalés inspirés par l’écrivain tchèque («Une silhouette inachevée...», «Un incident quotidien...», «Un rêve en lambeaux...», «Une narration partielle...», «Un buisson d’épines...», «Champs mornes...»).


Comme décidément, le monde (musical) est petit, on retrouve la Sérénade pour trio à cordes (1797) de Beethoven à l’affiche la veille au soir à Salon-de-Provence, concert auquel participait le violoncelliste Aurélien Pascal... mais où il ne jouait pas cette attachante œuvre de jeunesse, qu’il défend cette fois-ci remarquablement avec Liya Petrova, dont le violon chante magnifiquement dans les adagios, et Adrien La Marca.


En seconde partie, François-Frédéric Guy fait précéder la Lettre à Elise (1810) d’un hommage à Pierre Boulez, originaire de Montbrison, à quelques kilomètres de là. Mais il était déjà «monté» à Paris lorsqu’il composa, à l’âge de 20 ans, ses 12 Notations (1945): ici encore, on ne peut que regretter que le pianiste, malgré l’extrême concision de ces «bagatelles» – certes bien différentes de celle de Beethoven qu’il enchaîne sans interruption – n’ait souhaité n’en interpréter que six, même s’il a manifestement eu le souci de ne pas effrayer les spectateurs («Rassurez-vous, ce ne sera pas trop long»). Enfin, il prête son concours au Troisième Quatuor avec piano (1875) de Brahms: l’élan, même maîtrisé, prend une ampleur insoupçonnée dans une acoustique aussi généreuse et, du coup, l’Andante offre les meilleurs moments, avec la tendre noblesse de Christian-Pierre La Marca, tandis que Yossif Ivanov, s’il a une personnalité moins expansive que Liya Petrova, n’en possède pas moins une nature d’une belle finesse.


Le site des Musicales de Pommiers
Le site de Christian-Pierre La Marca
Le site de François-Frédéric Guy
Le site de Yossif Ivanov



Simon Corley

 

 

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