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Miss Verbier 2016

Verbier
Salle des Combins
07/27/2016 -  
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit: 3. «Scarbo»
Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 29 en si bémol majeur, opus 106 «Hammerklavier»

Yuja Wang (piano)


Y. Wang


Il est à Verbier des interprètes qui deviennent en quelques saisons les enfants chéris du public et du festival. Ils remplissent les salles, occasionnent des pugilats pour obtenir les meilleurs places, alimentent les rumeurs les plus folles, bref sont un peu les dieux de la fête. Il s’agit souvent de pianistes, rois des instrumentistes. Il en est ainsi de Daniil Trifonov, qui a succédé à Evgeny Kissin dans le cœur des festivalières. Dans la famille asiatique, les Chinois sont très nombreux à Verbier, le bouillonnant Lang Lang, qui y est passé très jeune, ne s’est pas imposé avec autant de force que la très belle et élégante Yuja Wang, laquelle remplissait ce soir là l’immense salle des Combins pour un récital et quelques prolongations qui lui ont donné l’occasion d’arborer pas moins de quatre robes différentes, tout aussi scintillantes, et qu’elle porte sur sa plastique exceptionnelle avec une rare élégance.


Programme ambitieux car cette très jeune virtuose abordait un répertoire plus profond que superficiel. Hormis le redoutable «Scarbo» de Gaspard de la nuit de Ravel dont elle n’a fait qu’une bouchée, il s’agissait de deux monuments du répertoire romantique: les Kreisleriana de Schumann et la Sonate «Hammerklavier» de Beethoven.


Du cycle hoffmannien, on peut dire qu’elle pourra certainement avec un peu plus de maturité en donner une interprétation plus aboutie. Mais on pourra aussi dire que l’on était témoin de ses débuts dans une musique dont, si jeune, elle perçoit la sève fantasque et que, même si certains partis pris de tempi, de souligner un peu trop des harmonies audacieuses, de noyer un peu trop par la pédale des traits qui sont comme murs porteurs de ce cycle, sa conception d’ensemble et le résultat étaient remarquables. De même pour la longue Vingt-neuvième Sonate de Beethoven, dont il semble qu’elle l’étrennait en public à Verbier, la maturité lui apportera ce qu’il faut pour maîtriser les méandres de l’Adagio sostenuto, mais à aucun moment de l’Allegro initial ni de la fugue finale on n’a pu douter de la fougue, de l’engagement émotionnel ni de l’instinct beethovenien de cette jeune interprète.


Avec les ébouriffants arrangements de Vladimir Horowitz du Rondo alla turca de la Onzième Sonate de Mozart et du pot-pourri de Carmen qu’elle a joués sans la malice qu’y mettait le vieux maître mais, si la chose est possible, avec une virtuosité comparable, elle a achevé de mettre le public dans sa poche et dans une robe longue en lamé doré, gagnant haut la main son titre de Miss Verbier 2016.


Le secret avait été bien gardé! Medici.tv (site internet de streaming de concerts) et le festival de Verbier fêtaient ce jour-là dix ans de riche collaboration comme l’ont expliqué longuement Hervé Boissière et Martin Engström, directeurs respectifs des deux institutions. Les artistes présents ont été mis à contribution et les spectateurs du concert de 19 heures invités à rester pour partager l’événement en un concert surprise dont Verbier a le secret ont pu savourer une grande heure de prolongation dans la fantaisie et la bonne humeur.


Le clarinettiste suédois Martin Fröst a ouvert la fête avec une improvisation façon musique klezmer sur Happy Birthday et une pièce pour clarinette et septuor de son frère Göran Fröst, joyeux moment mais le soufflé est vite retombé quand Yuja Wang est revenue avec Gautier Capuçon pour jouer une assez longue composition, Sonate pour piano et violoncelle, d’Evgeny Kissin, introduite par le pianiste sur grand écran, enregistrement différé au contenu très bégayant. La pièce elle-même, quoique bien composée, ferait paraître réjouissantes les musiques les plus dépressives de Chostakovitch. Plus festive était l’intervention du Quatuor Ebène dans des arrangements échevelés de chansons de Hermeto Pascoal et de John Lennon. Plus musical, un moment de grâce quand Daniil Trifonov, Gautier Capuçon et Leonidas Kavakos, anticipant leur concert du surlendemain, ont joué un mouvement du Trio avec piano de Smetana. Mais la sensation a été l’arrivée sur scène du baryton gallois Bryn Terfel («un mètre nonante», susurra ma voisine à l’oreille avec un soupir d’extase...) venu à Verbier pour chanter Falstaff. Accompagné par Hannah Stone, une superbe musicienne qu’il a présentée comme «royale» car ancienne harpiste attitrée du Prince de Galles, il a donné deux chants gallois de David Owen et William Stanley Gwynn Williams avec un charme et une intensité qui permettaient à ces mélodies de continuer à hanter notre mémoire à la sortie de cette belle fête que l’on peut regarder et écouter sur medici.tv.


Le site Yuja Wang



Olivier Brunel

 

 

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