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Voyage jusqu’à l’hypnose

Verbier
Eglise
07/30/2016 -  
Johann Sebastian Bach : Das Wohltemperierte Klavier (Teil I), BWV 846 à 869
Sergei Babayan (piano)


S. Babayan (© Christian Steiner)


La réputation de pédagogue du pianiste arménien, naturalisé américain, Sergei Babayan éclipserait presque celle de soliste qu’il a développée depuis ses études au Conservatoire de Moscou. Mais récemment, l’éclosion de son élève Daniil Trifonov l’a mis sous les feux de l’actualité comme on peut en juger dans la séquence tournée à Cleveland où il enseigne, du documentaire que Christopher Nupen a consacré au jeune prodige russe. C’est dire si après son passage au printemps à l’Académie de Lugano dirigée par Martha Argerich, sa présence à Verbier, surtout dans un programme aussi exceptionnel que le Premier Livre du Clavier bien tempéré de Bach, était attendue.


Et on est heureux de pouvoir écrire que le concert a été à la hauteur de l’attente! Sergei Babayan a joué ce premier livre dans un recueillement exceptionnel, installé discrètement dans le noir complet avec juste une petite lampe éclairant sa partition: deux heures magiques sans la moindre interruption ni rupture de tension. Comme l’oreille est influençable et que les six premiers préludes et fugues de ce livre sont si pédagogiques, on est d’abord resté dans l’expectative. Mais dès le septième en mi bémol majeur, Babayan a pris son public par la main et l’a mené jusqu’au bout du voyage avec une science de cette musique quasi mystique. Pas de grande démonstration de sonorité à la russe comme ses grands aînés moscovites mais une variété dans l’expression, une constance dans un son élégant, raffiné et jamais outré, qui forcent l’admiration. Bien qu’aucune comparaison ne s’impose, on ne peut s’empêcher pour la clarté des voix dans les fugues les plus complexes de penser à l’art de l’immense Tatiana Nikolaïeva, qui régnait sur ce répertoire. Simplement l’évidence de ce que cette musique, dans son abstraction et sa complexité, peut parler directement au cœur quand elle jouée avec une telle liberté. Et ce jusqu’à l’hallucinant dernier prélude et fugue en sol majeur qui, dans son abstraction, n’a d’équivalent que les plus beaux numéros de L’Offrande musicale, et par lequel Babayan a réussi à mettre l’oreille en apesanteur jusqu’à l’hypnose si l’on en juge par l’écrasant et très long silence qui l’a suivi, phénomène devenu plus que rare au concert.



Olivier Brunel

 

 

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