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Clartés françaises

Oviedo
Cloître du Musée archéologique
07/28/2016 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano n° 14 en do mineur, K. 457
Frédéric Chopin : Vingt-quatre Préludes, opus 28

Cédric Tiberghien (piano)


C. Tiberghien (© Jean-Baptiste Millot)


Le festival de musique d’été d’Oviedo perdure malgré les difficultés économiques et les aléas politiques (le niveau local reproduisant les incertitudes nationales), mais dans les mêmes conditions que les années passées : dans des lieux le plus souvent inadaptés comme le cloître du musée archéologique, sur des chaises en plastique massacrant le dos et avec des affiches se contentant d’indiquer uniquement le nom des artistes ; peu importe ce qu’ils jouent. Même le quotidien La Nueva Espana, pourtant à l’affût de tout événement local, est déficient. On se demande dès lors ce qui peut bien attirer le public et, pourtant, il répond présent.


C’était évidemment le cas pour ConcertoNet, ce 28 juillet, Cédric Tiberghien (né en 1975), relativement discret, malgré un grand prix du concours Long-Thibaud en 1998, étant de passage dans la capitale des Asturies.


Lors d’un récital d’une heure, sans pause véritable et jouant tout de mémoire, le pianiste français interprète en premier lieu la Quatorzième Sonate (1784) de Wolfgang Amadeus Mozart (1736-1791). Il lui donne une allure clairement beethovénienne. L’Allegro initial est marqué par une grande fermeté ne manquant pas de grandeur tandis que l’Adagio est d’une délicatesse infinie, ses arpèges étant soigneusement ouvragés, et le Molto allegro final, à peine dérangé par quelques mouettes égarées du côté des montagnes de la chaîne cantabrique, démontre une virtuosité certaine mais jamais vaine.


Suivent ensuite les Vingt-quatre Préludes (1839) de Frédéric Chopin (1810-1849), plus ou moins enchaînés. Si le Steinway noir se détache des enduits ocrés et des voûtes de pierre blonde du cloître, Cédric Tiberghien déploie un jeu d’une clarté impressionnante nonobstant des ogives gothiques ayant tendance à noyer ses efforts. Il est malheureusement probable que le public éloigné n’aura perçu qu’une triste bouillie sonore. Pour ceux qui se sont précipités vers les places proches de la faible estrade, le pianiste offre une palette de couleurs d’une grande variété, son toucher demeurant d’une sûreté ne faisant jamais défaut. S’il sait être puissant, dans le quatorzième Prélude par exemple, d’une parfaite sobriété, dans le quatrième, d’une agilité sans égal dans le huitième, presque religieux dans le vingtième comme dans un choral de Bach, sans doute insuffisamment lent dans le sixième («assai» signifiant «très» et non «assez»), chanter comme il se doit dans le quinzième («La Goutte d’eau»), il fait preuve de bout en bout d’une classe, d’une tenue, qui force l’admiration, l’esbroufe et l’excès de rubato n’étant à l’évidence pas son genre. Vraiment un pianiste exemplaire et infiniment poétique.


Après des pages classiques puis romantiques, les cloches du généreux bis que fait sonner Cédric Tiberghien de sa main droite confirment enfin ses éminentes qualités de peintre impressionniste. Un pianiste finalement tout-terrain.


Le site du festival d’été d’Oviedo



Stéphane Guy

 

 

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