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Bach à la montagne

Annecy
Valloire (Eglise Notre-Dame de l’Assomption)
07/26/2016 -  
Johann Sebastian Bach : Prélude, BWV 998 – Cantate «Bleib bei uns, denn es will Abend werden», BWV 6: air «Hochgelobter Gottes Sohn» & Choral – Cantate «Der Herr ist mein getreuer Hirt», BWV 112: air «Zum reinen Wasser er mich weist» – Sonate en trio pour orgue, BWV 530: 3. Allegro – Cantate «Erforsche mich, Gott, und erfahre mein Herz», BWV 136: air «Es kömmt ein Tag» – Cantate «Himmelskönig, sei willkommen», BWV 182: Sonate & et air «Leget euch dem Heiland unter» – Cantate «Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen», BWV 12: Sinfonia, récitatif «Wir müssen durch viel Trübsal» & air «Kreuz und Krone sind verbunden» – Sonate pour viole de gambe et clavier, BWV 1028: 1. Adagio & 2. Allegro – Cantate «Jesus nahm zu sich die Zwölfe», BWV 22: air «Mein Jesu, ziehe mich nach Dir» – Suite pour violoncelle n° 4, BWV 1010: Prélude – Cantate «Wer weiss, wie nahe mir meine Ende?», BWV 27: air «Willkommen! will ich sagen»
Ensemble Quintadena: Julien Freymuth (alto et direction), Johanne Maître (flûte, hautbois), Tobias Bonz (violoncelle), Jérôme Mondésert (orgue, clavecin)




«Bach, c’est Tout!»: pour son édition 2016, du 25 juillet au 3 août, Valloire Baroque annonce clairement la couleur. Mais si certains festivals se vouent chaque année exclusivement au compositeur – Bach en Drôme des collines, Bach en Combrailles –, en Savoie, on s’intéresse en revanche à tout le répertoire baroque, comme en témoignent les six précédentes éditions, dont les thématiques successives ont notamment mis en lumière l’Angleterre, la péninsule ibérique et Naples.


Au sud de la vallée de la Maurienne, à 1400 mètres d’altitude, entre les cols du Télégraphe et du Galibier, le festival s’est implanté et s’est développé avec constance, franchissant le cap des cinq ans, généralement considéré comme périlleux. Ce n’est que justice pour une initiative qui contribue à enrichir le séjour des vacanciers venus profiter des charmes estivaux de la montagne, pour l’implication des dizaines de bénévoles qui déploient des trésors de dévouement, entre autres pour l’hébergement des artistes invités, et pour une programmation d’une grande qualité (Blandine Rannou, Patrick Ayrton, le Quatuor de Leipzig, Café Zimmermann...): huit concerts au total, dont deux sous la forme d’une «promenade musicale» dans la nature environnante, le tout à des tarifs pour le moins raisonnables, généralement entre 16 et 20 euros (exceptionnellement 30 euros pour la Passion selon saint Matthieu), sans compter des forfaits dont le plus avantageux ramène à 10 euros le prix moyen du concert.


Les organisateurs sont par ailleurs attachés à des actions d’ouverture: un concert inaugural donné à Saint-Michel-de-Maurienne et plus particulièrement destiné au jeune public, un festival «off», «La Traverse» (du nom d’une rue du centre du bourg), qui propose six rendez-vous dans l’après-midi avec de jeunes artistes (faisant appel à la libre participation financière des spectateurs), et le désormais traditionnel «Valloire enchanté», où le public peut se joindre aux amateurs qui ont préparé depuis plusieurs mois un copieux programme conçu par trois chefs de chœur.


«Bach, c’est Tout!»: cela signifie évidemment que la programmation est centrée sur le Cantor de Leipzig, mais dans «Tout», la lettre capitale n’est certainement pas le fait du hasard. Il suffit d’ailleurs d’entendre le directeur artistique, Gaël de Kerret, s’exprimant brièvement avant le concert du jeune Ensemble Quintadena, pour rappeler le fameux aphorisme de Cioran: «S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu.» Bref, Bach est dans tout, tout est dans Bach – et à s’en tenir aux seuls musiciens, il y aurait de quoi consacrer un festival entier à tous ceux qu’il a influencés et inspirés du XVIIIe à nos jours.


Juste avant, Dominique Longchamp, fondateur et président du festival, visiblement très ému, a demandé au public de se lever et d’observer une minute de silence en hommage aux victimes de l’attaque terroriste perpétrée le matin même en l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray. C’est ensuite le contre-ténor Julien Freymuth, fondateur et directeur de l’ensemble strasbourgeois Quintadena (du nom d’un jeu d’orgue, également appelé quintaton, apparu dès le XVIe siècle), qui présente en quelques mots le programme «Vox anima» qu’il s’apprête à interpréter avec ses trois partenaires: plus que la notion de «Bewegung» (mouvement) qu’il met en avant dans cette alternance d’airs extraits de cantates sacrées et de pièces instrumentales (parfois également tirées de ces mêmes cantates), on comprend que la voix d’alto, chez Bach, est celle de l’âme.


Ancien élève de Gaël de Kerret, Julien Freymuth (né en 1982) n’a pas encore la notoriété d’un Cencic ou d’un Jaroussky, mais cela ne devrait guère tarder, à entendre une voix d’une justesse irréprochable, à l’émission claire, au timbre séduisant et homogène sur l’ensemble de la tessiture: expressif et éloquent, soignant le phrasé et la diction, il accorde toute l’attention que requiert le texte dans ces musiques écrites pour les offices religieux. A ses côtés, Johanne Maître passe avec beaucoup de dextérité des flûtes aux hautbois (y compris d’amore et da caccia). Tobias Bonz au violoncelle et Jérôme Mondésert à l’orgue assurent non seulement le continuo mais s’illustrent aussi dans quelques pages en solo ou en duo, dans l’excellente acoustique de l’église Notre-Dame de l’Assomption (XVIIe), à la décoration profuse et croquignolette, typique du baroque de la région.


De caractère sombre ou recueilli, le programme s’achève cependant dans la joie, avec un air de la Cantate «Wer weiss, wie nahe mir meine Ende?» dont le début du thème principal ne peut qu’évoquer, un demi-ton au-dessus, le premier mouvement du Printemps de Vivaldi: coïncidence ou bien se peut-il que Bach, dès octobre 1726, ait eu connaissance d’un recueil édité à Amsterdam en 1725? Remarquablement attentif et réceptif, le public obtient en bis un extrait de la cantate profane Lasst uns sorgen, lasst uns wachen (plus connue comme Le Choix d’Hercule), l’air en écho «Treues Echo dieser Orten», repris l’année suivante (et transposé à la tierce supérieure pour soprano) dans la quatrième partie de l’Oratorio de Noël, où Johanne Maître, au hautbois d’amour, se fait l’écho instrumental – et parfois même vocal! – de Julien Freymuth.


Le site du festival Valloire Baroque
Le site de Julien Freymuth



Simon Corley

 

 

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