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Nous sommes Mahagonny

Antwerp
Opera Vlaanderen
06/24/2016 -  et 26, 29, 1er, 3*, 5 juillet 2016
Kurt Weill: Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny
Renée Morloc (Leokadja Begbick), Tineke Van Ingelgem (Jenny Hill), Ladislav Elgr (Jim Mahoney), Simon Neal (Dreieinigkeitsmoses), Michael J. Scott (Fatty), Adam Smith (Jack O’Brien, Toby Higgins), William Berger (Bill), Leonard Bernad (Joe), Guntbert Warns (Narrateur)
Koor Opera Vlaanderen, Franz Klee (chef de chœurs), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Dimitri Jurowski (directeur)
Calixto Bieito (mise en scène), Rebecca Ringst (décor), Ingo Krügler (costumes), Franck Evin (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Toujours aussi captivant et percutant : l’Opéra des Flandres reprend Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (1930) mis en scène par Calixto Bieito et, cinq ans plus tard, l’effet que provoque cette production ne s’émousse pas. La virtuosité des mouvements scéniques, la force de conviction de la direction d’acteur et la monumentalité du décor de Rebecca Ringst, formé d’une superposition de caravanes, impressionnent toujours autant. Cette reprise attendue avec impatience préserve ce que cette mise en scène provocatrice, mais plus pertinente que jamais, comporte d’excès et de vulgarité, ce qu’annoncent des tubes de néon constituant autant d’interjections (All you can drink, All you can eat, all you can fuck) auxquelles obéissent les personnages sans la moindre retenue.


Par conséquent, et aussi parce que le spectacle comporte de la nudité féminine (beaucoup) et masculine (nettement moins), la maison a de nouveau jugé bon de déconseiller l’entrée aux moins de seize ans. A condition de faire preuve de clairvoyance et d’ouverture d’esprit, les spectateurs saisiront le sens de cette parabole et le message de dénonciation brandi par ce spectacle ; la conclusion, dans laquelle les chanteurs et les figurants se dirigent vers le balcon et le parterre munis de pancartes, demeure, en effet, saisissante. Revoir cette production permet de se concentrer sur les détails passés inaperçus la première fois à cause d’une action foisonnante. Cependant, avec le recul, le tour de force technique et la maîtrise à tous points de vue des interprètes, tous très investis, prédominent quelque peu sur l’approfondissement de la psychologie des personnages ; il s’agit, du reste, de la seule réserve, minime, à l’égard de cette production hors du commun. Calixto Bieito a porté la barre tellement haut qu’il paraît difficile pour un autre metteur en scène de concevoir une interprétation encore plus marquante du chef-d’œuvre de Weill et Brecht.


La distribution, presque entièrement renouvelée, suscite également l’enthousiasme. Aucun chanteur ne se positionne excessivement en avant, chacun occupant sa juste place ; dans une telle œuvre, l’esprit de troupe prévaut sur l’exploit individuel. Quelques-uns, cependant, se démarquent, en particulier la Léocadia Begbick parfaitement caractérisée de Renée Morloc, qui déshabille complètement, au début, une superbe métisse, le Jim impeccable, tant vocalement que scéniquement, de Ladislav Elgr, la Jenny provocante et déjantée de Tineke Van Ingelgem, qui ne souffre aucunement de se retrouver plus d’une fois en sous-vêtements, le Moïse la Trinité en très grande forme de Simon Neal, et le Fatty de Michael J. Scott, qui copule avec Jenny pendant l’exécution de Jim.


A cette occasion, Dimitri Jurowski descend pour la dernière fois dans la fosse en tant que directeur musical, le chef étant appelé à Novossibirsk pour exercer cette même fonction ; il reviendra tout de même dans un an pour Sadko. Sa direction nette, coupante, dynamique et parfaitement rythmée constitue un autre motif de satisfaction, l’orchestre se hissant à un niveau de cohésion et de finition digne de sa réputation. Calixto Bieito n’épargne pas non plus les chœurs, qui décrochent eux aussi une mention très honorable. Il faut maintenant espérer qu’un DVD immortalise cette extraordinaire production, acclamée debout par un public intelligent.



Sébastien Foucart

 

 

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