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Canicule pour les violonistes

Vienna
Konzerthaus
06/18/2016 -  et 19, 22* juin 2016
Zoltán Kodály : Galántai Táncok
Henri Vieuxtemps : Concerto pour violon n° 4, opus 31
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Hilary Hahn (violon)
Wiener Philharmoniker, Andrés Orozco-Estrada (direction)


H. Hahn (© Michael Patrick O’Leary)


L’épisode caniculaire n’avait pas encore frappé la ville de Vienne, mais pour les violonistes il faisait déjà très chaud dans la salle du Konzerthaus... Beaucoup de mélomanes découvraient peut-être Vieuxtemps, ce compositeur belge du XIXe siècle et représentant autrefois illustre de l’école franco-belge de violon: un Stradivarius porte d’ailleurs son nom. En revanche, aucun élève des classes de violon du conservatoire n’aura pu oublier ses concertos, véritable passages obligés pour obtenir sa médaille – tout du moins les Quatrième et Cinquième, les cinq autres étant tombés dans l’oubli. La prestation de Hilary Hahn est donc absolument déprimante pour tout violoniste qui se rend subitement compte à quel point il est vain de vouloir approcher la maîtrise surhumaine affichée par l’instrumentiste. Ce qui frappe immédiatement, c’est la densité de son par millimètre d’archet: comment est-il seulement possible de faire tenir autant de notes dans aussi peu de longueur de baguette? La tension ainsi générée ne fait aucun compromis à la puissance du son (renversante!), à la clarté de l’articulation (éblouissante!), à l’expressivité des nuances (sidérante!); à l’occasion, Hilary Hahn se complait à appuyer ses démanchés, donnant à certains traits une tournure surannée fort à propos dans cette œuvre. La soliste accomplit sa tâche avec un sérieux impassible, sans verser une goutte de sueur, choisissant des tempos délibérément mesurés pour faire ressortir des profusions d’accents et de phrasés, n’hésitant pas à s’effacer derrière l’orchestre quand la partition l’exige.


Le Philharmonique offre un écrin de luxe à cette interprétation, la direction d’Andrés Orozco-Estrada tissant un accompagnement attentif et exemplaire; si les thèmes de Vieuxtemps sont parfois plan-plan, on découvre de temps à autre des effets d’orchestration très bien sentis et magnifiés par les musiciens. Le reste du programme demeure de très haut niveau: la pièce de Kodály virevolte diaboliquement sous la baguette du chef et livre une palette de timbres en renouvellement permanent. Les contrechants sont dosés avec minutie pour enrichir l’écoute sans la surcharger, les solos (quelle clarinette!) s’épanchent langoureusement. Malgré des bons un peu excentriques sur le podium, le chef colombien (de formation viennoise) ne néglige jamais de maintenir sa battue avec clarté, ce qui n’est pas souvent le cas des chefs qui font face à cet orchestre – même Bernstein! Les Danses symphoniques de Rachmaninov pâtissent elles d’une surabondance de somptuosité: l’orchestre et le chef semblent parfois se laisser enivrer par leur propre son, et cherchent à faire passer en force des passages qui bénéficieraient de plus de froideur ou de sérénité.


Le dernier enregistrement de Hilary Hahn



Dimitri Finker

 

 

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