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Horizons nouveaux

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/14/2001 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano
n° 25, K. 503

John Adams : Shaker loops
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 8, opus 93


Orchestre de chambre de Lausanne, Christian Zacharias (piano et direction)

Pratiquant la direction d’orchestre depuis près de dix ans, directeur artistique et chef principal de l’Orchestre de chambre de Lausanne depuis septembre dernier, Christian Zacharias s’est notamment fait connaître par une intégrale à nulle autre pareille des concertos de Mozart, enregistrée avec différents chefs et orchestres (EMI). Dans le Concerto en ut majeur, Christian le pianiste prend la peine de ne pas voler la vedette à Zacharias le chef, à la tête d’un ensemble restreint (vingt-quatre cordes), de telle sorte que c’est un esprit chambriste qui prévaut le plus souvent. Ce grand interprète a manifestement pour devise de chercher toujours. Et il trouve souvent, comme en témoignent l’attachement à l’ornementation, l’originalité de la cadence dans le premier mouvement ainsi que des phrasés toujours très maîtrisés. Ceci étant, son approche laisse peu de place à l’émotion, à l’effusion, à la poésie ou à la grandeur. Il y manque même la dose d’humour et d’insolence à laquelle il nous avait jusqu’alors habitués.


Lassitude (d’un soir) du musicien qui s’est fait une (excellente) réputation dans Mozart? Toujours est-il qu’en fuyant cette confortable étiquette de « mozartien », il démontre, dans la suite du concert, qu’il continue de progresser vers des horizons nouveaux, poussé par une insatiable curiosité. Pour la seconde fois de cette saison parisienne, après Hogwood en décembre dernier (voir ici), il n’est pas indifférent de relever que c’est un interprète soucieux de sortir de son cadre habituel qui s’attaque à Shaker loops d’Adams et qui le(s) programme avec des partitions issues la période classique. Pour Zacharias, plutôt que le prétexte d’un rapprochement par delà les siècles, c’est l’occasion de restituer toute la portée révolutionnaire et provocatrice de cette œuvre, qu’illustrent parfaitement les quelques huées qui en saluent la fin : Shaking and trembling et A final shaking énergiques et rugueux, Hymning slews nocturne et fantomatique, presque bartokien, Loops and verses extatiques et même expressifs.


Le tempérament fantasque du pianiste allemand, qui s’épanouit avec un tel bonheur chez Scarlatti, semblait tout indiqué pour l’atypique Huitième symphonie de Beethoven. Sans surprises, il regarde vers Szell, Casals ou Harnoncourt, et non vers Karajan, Giulini ou Barenboïm. Et s’il recourt à un ensemble de dimensions réduites, ce n’est pas pour effectuer un quelconque « retour à
Haydn », mais pour mettre l’accent sur la verdeur du propos, les sonorités râpeuses et les aspects théâtraux, notamment dans les mouvements extrêmes. Appuyée et volontaire, parfois violemment scandée, cette version s’attache naturellement davantage à l’agogique et à la dynamique d’ensemble qu’à la perfection instrumentale ou à la pâte orchestrale. Mais qu’importe, en avant!




Simon Corley

 

 

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