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Moment stratégique

Leipzig
Gewandhaus
06/02/2016 -  et 3* juin 2016
Richard Wagner : Tannhäuser: Ouverture – Tristan und Isolde: Prélude et Mort d’Isolde
Anton Bruckner : Symphonie n° 3 en ré mineur (version de 1889)

Gewandhausorchester, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Marco Borggreve)


Ce sont en ce printemps à Leipzig les tout premiers concerts du directeur musical désigné, le Letton Andris Nelsons (37 ans), depuis que sa nomination a été annoncée à ce poste, où il succédera à Riccardo Chailly à partir de la saison 2017-2018. Il y a dirigé en mai un programme consacré à Wagner, Webern et Stravinski; c’est avec Wagner et Bruckner qu’il revient, programme emblématique car la Troisième Symphonie de Bruckner est dédiée à Richard Wagner et qu’il a déjà été annoncé qu’il enregistrera ses Symphonies pour Deutsche Grammophon à la tête de l’orchestre saxon.


Le public de Leipzig a réservé un accueil très chaleureux au futur Gewandhauskapellmeister, qui dirigera dès la saison prochaine une quinzaine de concerts à la tête d’une des trois plus prestigieuses phalanges d’Allemagne, qui semblait en état de grâce dans ce difficile programme joué de façon superlative.


Entendre les ouvertures de Wagner par un orchestre sur scène est toujours une expérience passionnante, permettant de savourer tant de détails et subtilités qui ne sont pas toujours audibles quand il joue dans une fosse de théâtre. Andris Nelsons, sans priver l’Ouverture de Tannhäuser de sa fonction de prélude théâtral, privilégiant parfois certains détails au détriment de la ligne générale, a donné tout son panache et ses couleurs de chromo médiéval à cette longue ouverture. Avec Tristan et Isolde, il s’agissait plus de magie sonore: Nelsons, on l’a entendu tout au long du concert, a comme particularité de veiller aux alchimies harmoniques comme aucun chef de sa génération aujourd’hui. Après un Prélude ensorcelant, il faisait passer haut la main l’absence de voix dans la version orchestrale du Liebestod.


Symphonie problématique avec ses nombreuses versions, la Troisième de Bruckner aux accents wagnériens pose le problème principal de sa difficile unité. Ses mouvements sont des univers tellement individuels qu’il est très difficile de lui donner un fil conducteur. La troisième version de 1889, qui dure environ une heure, est certainement celle qui se prête le mieux à l’exécution de concert. Nelsons réussit à vaincre ce caractère fractionné en travaillant sur la très complexe harmonie de la partition. Le soin qu’il accorde aux détails des phrasés, à l’équilibre entre les groupes d’instruments, pour maintenir une intensité qui force l’écoute, rapproche les quatre mouvements autant que possible. Les qualités individuelles des instrumentistes alliées à l’exceptionnelle acoustique du lieu ont fait de l’Adagio si peu évident mélodiquement un pur moment de grâce.


Un concert qui augure d’un futur prometteur au moment toujours stratégique et délicat pour un orchestre du changement de sa direction musicale.



Olivier Brunel

 

 

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