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Concert d’apothéose

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/07/2016 -  
Felix Mendelssohn-Bartholdy: Die Hebriden, opus 26 – Symphonie n° 4 «Italienische», opus 90
Wolfgang Amadeus Mozart : Vado, ma dove, K. 583 – Le nozze di Figaro, K. 492: récitatif et air de Susanna «Giunse alfin il momento... Deh vieni, non tardar»
Ludwig van Beethoven: Ah, perfido, opus 65

Susana Gaspar (soprano)
Le Cercle de l’Harmonie, L’Atelier de musique, Jérémie Rhorer (direction)


(© Stéphane Guy)


Le dernier concert du Festival de Deauville rassemble, conformément à une tradition bien établie des effectifs plus importants que lors des concerts précédents, plutôt consacrés à la musique de chambre.


Il s’ouvre aussi comme chaque année et légitimement par quelques remerciements, du président de l’association des Amis de la musique à Deauville tout d’abord, d’Yves Petit de Voize ensuite, aux manettes depuis vingt ans, du maire de la ville et de son épouse qui a fait venir depuis Les Arcs le directeur artistique sur la côte normande. Tout n’est pas compréhensible, des pannes de micro brouillant sérieusement l’écoute du nombreux public venu pour ce concert de clôture. Mais le cœur y est.


Jérémie Rhorer, presque un «ancien» désormais, dirige ensuite un double ensemble, celui du Cercle de l’Harmonie et celui de l’Atelier de musique, qui lui a succédé comme orchestre du festival. On rappelle que les deux sont composés de brillants chambristes issus des meilleurs conservatoires. Leur jeunesse ne doit donc pas en cacher les talents. Il n’y a d’ailleurs pas à regretter à cet égard le temps où la vie musicale locale se résumait à quelques concerts d’été de stars internationales pour quelques Parisiens fortunés et titrés ou, encore avant, de l’orchestre du casino sous la direction d’André Messager ou de Reynaldo Hahn. Aujourd’hui, les futures stars font leurs armes à... Deauville.


Il est logique de débuter par une ouverture. Ce sera celle des Hébrides (1832) de Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847), vision de la mer qui envahit la Grotte de Fingal. Ici, ce sont les cordes des deux orchestres qui déferlent dans la salle Elie de Brignac. Sans doute sont-elles un peu vertes mais les vents excellent et le chef imprime un rythme aux limites des capacités de l’orchestre. Après cette superbe introduction, suivent trois airs mozartiens en italien, dont deux de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) et un de Ludwig van Beethoven (1770-1827). L’orchestre se surpasse sous la direction d’un Jérémie Rhorer parfaitement à l’aise avec ce style éminemment théâtral. La soprano portugaise Susana Gaspar, qui vient de Londres où elle se perfectionne, remplace au pied levé Sophie Karthäuser, souffrante, qui elle même remplaçait Véronique Gens prévue il y a quelques mois, s’en sort fort bien, sans forcer la voix. Il est bien regrettable qu’il ait fallu le début de la seconde partie pour que le changement de cantatrice soit annoncé et son nom prononcé ! Toutefois, son positionnement très en avant dans la salle ne favorise pas sa projection sur l’ensemble de la salle et sa diction en italien n’est curieusement (compte tenu de ses origines) pas claire. On a certes envie de la mettre encore en colère après l’avoir entendue dans Ah, perfido (1796) de Beethoven, qui appelle à la vengeance sentimentale, mais la soprano paraît plus convaincante dans le bis, en allemand, Nehmt meinen Dank, K. 383, de Mozart, coquin à souhait.


Le concert ayant débuté par Mendelssohn et des impressions d’Ecosse s’achève après la pause par la Quatrième Symphonie «Italienne» (1833) du même compositeur, donnant une sorte de suite sonore au Festival Livres & Musiques de Deauville, consacré les 16 à 18 avril dernier à l’Italie. Les cordes ne sont pas toujours à l’unisson quand il faut mais on apprécie les vents, notamment les cors (dans le troisième mouvement par exemple) et le hautbois tenu par une remarquable musicienne. Jérémie Rhorer assure l’équilibre de l’ensemble, attentif à la clarté des plans sonores. Il sait maintenir le rythme élevé du premier mouvement. Son deuxième mouvement Andante con moto, tiré vers un dix-huitième siècle raffiné marqué par le contrepoint du Cantor, est de toute beauté. Le Saltarello final est irrésistible et respire le soleil italien. Le chef ne se fait pas prier pour un bis : ce sera l’intégralité du dernier mouvement de la symphonie, toujours aussi pétillant, le timbalier frappant toutefois un peu fort.


Ainsi s’achevait le festival 2016. Ce fut assurément une édition à marquer d’une pierre blanche. On peut sans doute conserver quelques regrets : la musique contemporaine est restée confinée et tous les artistes qui ont défilé à Deauville et que l’on a aimés par le passé ne sont pas revenus. Mais on répondra sans doute que les jeunes doivent se former à la dure école du répertoire (et peut-être de la critique, non ?), quitte à ce que certaines œuvres soient rejouées, et qu’il n’était pas possible de rassembler tous ceux à qui Yves Petit de Voize a mis le pied à l’étrier à Deauville ; question d’agenda pour les uns et de programmes pour les autres. Le clarinettiste Jérôme Comte n’est pas passé ; les pianistes Jérôme Ducros et Jonas Vitaud non plus; la soprano Véronique Gens n’a pu nous charmer... Mais les concerts ont été de haute tenue. On ne peut donc qu’espérer encore longue vie à ce festival. La formule est inusable. Ce qu’il faut, c’est de jeunes artistes un brin téméraires pour se lancer dans des carrières difficiles voire aléatoires – il y en a encore heureusement –, une direction aussi dynamique que celle d’Yves Petit de Voize, des soutiens, des subventions et du... public. Beaucoup de facteurs mais une alchimie qui, finalement, n’a jamais fait défaut depuis 1997.


Et qui se renouvellera, n’en doutons pas, dès cet été, entre le 29 juillet et le 10 août, pour le «Quinzième août musical».



Stéphane Guy

 

 

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