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Deux chefs-d’œuvre pour vingt bougies

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/29/2016 -  
Franz Schubert : Quintette à cordes, D. 963
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44

Jérôme Pernoo (violoncelle), David Kadouch (piano), Quatuor Ebène: Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violon), Adrien Boisseau (alto), Raphaël Merlin (violoncelle)


Le Quatuor Ebène & J. Pernoo (© Claude Doare)


Deux chefs-d’œuvre du répertoire chambriste dont le Quatuor Ebène, s’adjoignant deux partenaires superlatifs, a donné des interprétations inoubliables pour le deuxième concert de cette saison du vingtième anniversaire du festival de Deauville.


Commencer un concert avec l’œuvre certainement la mieux construite, la plus riche en rebondissements et même en suspens de Franz Schubert, c’est placer la barre très haut. Et demander à un public qui n’est pas toujours parmi les plus recueillis une attention extrême. Cela n’a pas été évident d’emblée, témoins les toux nerveuses, les chutes de programmes, les clics de photos de téléphones portables, les applaudissements entre les mouvements, mais un des aspects fascinants de ce concert est que ses interprètes ont réussi de ce point de vue aussi à mettre le public à leurs pieds et à faire cesser progressivement toutes les manifestations parasites.


L’autre et la plus forte fascination est l’interprétation déjà si mature par le Quatuor Ebène du Quintette à violoncelles de Schubert. Ces jeunes interprètes viennent de se distinguer avec un enregistrement de cette œuvre de l’année funeste 1828, dont Gautier Capuçon tient le second violoncelle, gravure digne d’un ensemble d’une grande maturité. L’interprétation de cette soirée festivalière se hissait au même niveau superlatif, avec en prime la part d’excitation que procure le concert, son immédiateté, ses prises de risques et son impact vivant. L’équilibre des cinq interprètes était aussi parfait que l’étaient les complicités, l’unité dans la respiration, la captation de l’oreille du public pour le conduire de l’autre côté du miroir. Autant dans le très long Allegro avec ses épisodes orageux, dans l’Adagio le plus bouleversant de la production chambriste romantique dans lequel le moindre épaississement d’un trait serait fatal à l’ensemble, dans le Scherzo au trio mélancolique et si viennois, dans l’Allegretto final qui arrive comme une délivrance, les Ebène, secondés par le violoncelle chaleureux et quasi surnaturel de Jérôme Pernoo, ont restitué à ce chef-d’œuvre son caractère suprême et sacré.


Avec le Quintette avec piano de Schumann, pour lequel les Ebène s’adjoignaient rien moins que David Kadouch, on redescendait sur terre. Mais pour une course a l’abîme d’un autre ordre, plus échevelée, romantique et symphonique dans la pleine sonorité de chaque instrument avec le soutien et la relance constante d’un piano magistralement tenu et dialoguant au plus intime avec chaque combinaison instrumentale inventée par Schumann qui, en cette année 1842, donnait à la musique de chambre allemande parmi ses plus beaux fleurons.


Un concert à marquer d’une pierre blanche, hautement et chaleureusement applaudi, et qui restera longtemps comme une référence en matière de musique de chambre.



Olivier Brunel

 

 

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