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Un Japonais à Paris

Paris
Fondation Louis Vuitton
04/17/2016 -  
Felix Mendelssohn : Quatuor n° 7 en fa mineur, opus 80: 3. Adagio
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Quatuor n° 1 en ré majeur, opus 11: 2. Andante cantabile
Johannes Brahms : Quatuor n° 2 en la mineur, opus 51 n° 2: 1. Allegro ma non troppo
Johann Sebastian Bach : Concerto pour deux violons en ré mineur, BWV 1043: 2. Largo ma non tanto

Musiciens de la Seiji Ozawa International Academy Switzerland, Seiji Ozawa (direction)


S. Ozawa


Décidément, on ne l’arrête plus! En effet, quelques jours après un retour triomphal à la tête du Philharmonique de Berlin pour deux concerts donnés à la Philharmonie, Seiji Ozawa semble bénéficier d’un regain d’activité puisque le voilà à Paris pour la venue annuelle et désormais habituelle des jeunes musiciens de la Seiji Ozawa Academy Switzerland. Quelques différences néanmoins par rapport aux précédents exercices (qu’il s’agisse des concerts donnés en 2009, 2014 ou 2015): une programmation musicale allégée (la seconde partie de l’après-midi étant consacrée à la projection d’un film sur l’Académie), un calendrier avancé (les prestations de l’ensemble ayant généralement lieu fin juin ou début juillet) et une participation d’Ozawa lui-même réduite puisqu’il ne dirigea pour l’occasion qu’un mouvement de concerto, sa prestation ne dépassant guère les six minutes.


Pour autant, c’est avec le même plaisir que le public de l’auditorium de la Fondation Vuitton se presse pour assister une fois encore à une démonstration musicale de la part de jeunes musiciens dont la maturité, la musicalité, le sens de l’écoute (on y reviendra) et l’assurance ne laissent d’impressionner! Pour commencer cette première partie, et suivant en cela le schéma retenu les années précédentes, on écouta tout d’abord trois extraits de différents quatuors. L’implication de l’altiste russe Karolina Errera (vingt-deux ans!) et la maîtrise de Christel Lee au premier violon dominent l’interprétation de l’Adagio du Quatuor en fa mineur de Mendelssohn qui, d’emblée, impressionne par ses accents et ses emportements. Excellente idée ensuite que d’avoir programmé un mouvement de quatuor de Tchaïkovski, dont l’écoute n’aura suscité qu’une même envie: (re)découvrir la musique de chambre du compositeur russe. Car là aussi, pouvait-on rêver plus grande beauté et plus bel écrin pour le premier violon, admirablement tenu par la jeune Alena Baeva (la doyenne des musiciens présents du haut de ses trente-et-un ans...)? L’impression la plus forte aura néanmoins été laissée par l’Allegro ma non troppo du Deuxième Quatuor de Johannes Brahms grâce à deux artistes de vingt-sept et vingt-et-un ans, Alexandra Soumm au premier violon (une meneuse au premier sens du terme) et surtout l’altiste Violaine Despeyroux, dont la maîtrise aura véritablement irradié l’ensemble.


Puis, comme d’habitude là aussi, c’est au tour de tous les musiciens – treize au total – de revenir sur scène avec, au milieu d’eux, Seiji Ozawa, n’hésitant pas sous ses airs cabotins à adresser lors des saluts un petit geste à tel ou tel dans le public. Ayant volontairement repoussé la chaise qui avait été mise à sa disposition – «Too high for me!» constata-t-il, presque désolé –, il lança ses jeunes élèves dans le deuxième mouvement du Concerto pour deux violons de Bach, œuvre qu’il avait déjà donnée avec eux en juillet 2014. Si la prestation des solistes (la Polonaise Agata Szymczewska et la Française Alexandra Soumm) et de leurs camarades ne souffre aucun reproche, c’est surtout la direction du vieux maître qui retient toute l’attention, surtout lorsqu’on a la chance d’être assis à moins de trois mètres de lui. Car il faut voir Ozawa diriger ce mouvement avec la même implication que s’il s’agissait de la Résurrection de Mahler, sa main gauche frôlant en plusieurs occasions les pupitres des solistes, lui-même se rapprochant imperceptiblement des deux violonistes comme s’il souhaitait ainsi mieux communier avec elles. Chaque instrumentiste regardait d’ailleurs Ozawa (notamment Gauthier Broutin au violoncelle) comme si sa vie en dépendait, recevant la moindre inflexion du maître comme un nouveau conseil et une nouvelle manière de jouer: incroyable...


Après les saluts enthousiastes de la salle et une petite pause, on assista ensuite à la projection du film Le Souffle de la musique d’Olivier Simonnet relatif non à Seiji Ozawa lui-même (comme l’indique maladroitement le site de France 2, chaîne sur laquelle il sera diffusé le 28 avril à 23 heures 55) mais au travail des jeunes musiciens dans le cadre de son Académie suisse. Pour l’occasion, on les voit tous en tee-shirts et sandalettes répéter en quatuor sous les indications des grands pédagogues que sont Pamela Frank, Nobuko Imai ou Sadao Harada, et surtout se livrer un peu en détaillant, au-delà de quelques banalités inévitables, leurs confrontations et la difficulté qu’il y a à s’effacer derrière les autres alors qu’on mène parfois déjà une carrière de soliste. Ce film, parfois conduit comme une mise en abyme puisque reprenant certains passages du concert donné au début du mois de juillet 2015 en ce même auditorium de la Fondation Louis Vuitton (coproductrice du film), permet notamment à Ozawa, avec sa modestie habituelle, de rappeler que, jeunes comme les musiciens de l’Académie ou moins jeunes comme lui, c’est le même souffle qui tous les anime: voilà donc la clé de la réussite. C’est si simple vu comme ça!


Le site de l’Académie internationale Seiji Ozawa de Suisse



Sébastien Gauthier

 

 

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