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Sir Simon est-il brucknérien ?

Paris
Philharmonie 1
04/12/2016 -  et 14 avril 2016 (London)
Olivier Messiaen : Couleurs de la cité céleste
Anton Bruckner : Symphonie n° 8

Pierre-Laurent Aimard (piano)
London Symphony Orchestra, Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Javier del Real)


Même s’il prendra ses fonctions de directeur à l’automne 2017, Sir Simon dirige déjà l’Orchestre symphonique de Londres. Un des meilleurs qui soit, comme en témoigne leur concert à la Philharmonie : virtuosité jamais tapageuse, couleurs superbes, magnifique pâte sonore. Mais leur Huitième Symphonie de Bruckner nous a laissé sceptique – comme les enregistrements berlinois du chef britannique (voir ici et ici). Certes, on le savait bien : il ne fallait pas attendre qu’il érige une cathédrale mystique et dirige l’œuvre comme un Kapellmeister privilégiant la polyphonie. Mais on en paie le prix, dès l’Allegro moderato : la partition paraît séquentielle, comme déconstruite, l’arc n’est pas tendu. La direction exalte les contrastes, ose un lyrisme brûlant, fait sonner la musique de façon différente, à rebours de toute une tradition, pouvant parfois nous rappeler tel détail que d’autres avaient absorbé dans l’ensemble. On ne cherchera pas du coup le « Deutscher Michel » dans un Scherzo d’une violence qui en ferait plutôt celui de la Neuvième. Peut-être finit-on par entrer dans cette approche à partir de l’Adagio, à moins qu’on ne soit surtout séduit par la beauté plastique de l’orchestre, dans le thème des violoncelles par exemple. Le finale semble également plus construit que le premier mouvement, même si l’on y cherche toujours la trajectoire, même s’il avance par blocs plutôt qu’à travers des progressions, pour s’achever par une coda où l’on sent plus une ivresse conquérante qu’une transfiguration.


Comme Bruckner, Messiaen est un musicien de la foi. De là à donner Couleurs de la cité céleste avant la Huitième Symphonie, qui se suffit à elle-même – comme la Turangalîla deux jours avant... Cela dit, Sir Simon a plus d’affinités naturelles avec le compositeur français. Très éloignée des lectures sèchement chambristes, son interprétation est orchestrale, généreuse, narrative, hédoniste, Rattle nous rappelle que Messiaen est un compositeur de la révélation heureuse. Et ses musiciens sont de vrais coloristes, plus que l’impeccable Pierre-Laurent Aimard, qui n’a pas la sonorité de Roger Muraro dans la Turangalîla.



Didier van Moere

 

 

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