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La Somnambule très française de Sabine Devieilhe

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/11/2016 -  
Vincenzo Bellini : La sonnambula
Sabine Devieilhe (Amina), John Osborn (Elvino), Nicola Ulivieri (Le comte Rodolphe), Jennifer Michel (Lise), Rachel Kelly (Thérèse), Ugo Rabec (Alexis)
Les Cris de Paris, Geoffroy Jourdain (direction), Orchestre de chambre de Paris, Christopher Franklin (direction)


S. Devieilhe (© Jensupaph)


Elle est sidérante, Sabine Devieilhe – et on lui fait un triomphe. La maîtrise du souffle et de l’émission, avec des diminuendos ou des pianissimos superbes, la précision des vocalises, elle a tout. Et elle crée des personnages de chair et d’os alors que sa voix de soprano léger la destine souvent à des emplois où d’autres s’attachent aux seules notes. De là à être une Amina de Bellini... Avouons en effet que sa Somnambule suscite à la fois l’admiration, l’émotion, notamment dans la scène finale... et un certain malaise. Il faudrait en effet un timbre plus rond, plus velouté, et une tessiture plus centrale, même si le médium se projette – n’oublions jamais que le rôle a été conçu pour la Pasta. On se passerait fort bien du contre-fa à la fin de « Ah, non giunge » – où ressort, comme dans tout le suraigu, la pointe d’acidité de la voix. Mais le chant, surtout, reste très français, peu belcantiste, sans coloration dans le cantabile par exemple, condition essentielle de l’élégiaque bellinien, qui permet de préserver le mystère lunaire de l’héroïne romantique.


Récitatifs ou airs, il y a beaucoup plus d’orthodoxie stylistique chez John Osborn, rompu à ce genre de répertoire, malgré quelques duretés ici ou là, un peu de peine également dans la cabalette de son air – cette fois, le rôle a été écrit pour une voix plus aiguë, celle de Rubini. Le phrasé, avec le sertissage du mot dans la ligne, est celui de la bonne école. Mais le plus exemplaire reste le Comte Rodolphe très patricien de Nicola Ulivieri, magnifique basse chantante au legato de rêve. Cela dit, on a soigné le reste de la distribution: belle Lisa de Jennifer Michel, très sûre vocalement dans un rôle moins facile qu’il y paraît, Teresa prometteuse de Rachel Kelly, Alessio bien campé d’Ugo Rabec. Quelles que soient les réserves qu’inspire Sabine Devieilhe, les Champs-Elysées ont, pour le plateau, réalisé un sans-faute, ce qui n’est pas toujours le cas.


Pas facile de diriger La Somnambule, où la musique oscille entre la profondeur et la légèreté. Christopher Franklin y met de la vie, de la couleur et de la finesse, aussi soucieux des voix que d’un Orchestre de chambre de Paris jouant le jeu avec enthousiasme. Les chœurs ont leur place dans ce semiseria bellinien: Les Cris de Paris s’y distinguent par leur souplesse et leur homogénéité.



Didier van Moere

 

 

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