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Une Geneviève de Brabant funambule

Montpellier
Corum (Opéra Berlioz)
03/16/2016 -  et 18, 20 mars 2016
Jacques Offenbach : Geneviève de Brabant
Jodie Devos (Geneviève), Valentine Lemercier (Drogan, Ermite du ravin), Sophie Angebault (Brigitte), Diana Higbee (Isoline), Avi Klemberg (Sifroy), Sébastien Parotte (Charles Martel), Kévin Amiel (Vanderprout), Thomas Morris (Narcisse), Jean-Marc Bihour (Golo), Enguerrand de Hys (Pitou), Philippe Ermelier (Grabuge), Charlotte Gleize/Méline Gros (Arthur), Alexandra Dauphin (Irma), Marie-Camille Goiffon (Blondette), Martine Carjaval, Nathalie Cazenave, Josiane Houpiez, Véronique Parize, Béatrice Pary, Thomas Morris (Choeur des baigneuses)
Chœur de l’Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon, Noëlle Gény (chef de chœur), Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, Claude Schnitzler (direction musicale)
Carlos Wagner (mise en scène), Rifail Ajdarpasic (décors), Christophe Ouvrard (costumes), Fabrice Kebour (lumières), Tom Baert (chorégraphie)


(© Marc Ginot)


Dans la lignée des deux productions qui ont ouvert sa première saison à Montpellier, Valérie Chevalier confirme son salutaire travail d’ouverture du répertoire en mettant à nouveau à l’honneur un ouvrage rare d’Offenbach, Geneviève de Brabant. La gageure n’est ici pas des moindres, en ce qu’elle ressuscite une œuvre dispersée en trois versions passablement hétérogènes, tant du point de vue de l’intrigue que du genre.


A partir de l’admirable – et patient – travail d’édition de Jean-Christophe Keck, Carlos Wagner a choisi, pour sa mise en scène, de s’appuyer sur la deuxième mouture, de 1867, sans s’interdire des ajouts de la première, de huit ans antérieure. Translatant la cité de Curaçao en un lotissement pavillonnaire, dessiné par Rifail Ajdarpasic, que les spectateurs peuvent d’ailleurs visiter à l’entracte – déambulation inhabituelle sur le plateau, sans possibilité d’option d’achat cependant – la production élague la profusion dramaturgique en un réalisme fantaisiste et satirique, qui renvoie la croisade à un délire réfugié dans la demeure voisine, à l’heure d’une débauche festive, tandis que la grotte de Geneviève se résume à une caravane au milieu de la pelouse et l’ermite à un nain de jardin. A l’évidence, la parodie domestique de la légende du Moyen Age s’en trouve accentuée, et les costumes contemporains de Christophe Ouvrard ne trahissent pas les intentions initiales des auteurs, le tout sous les lumières calibrées par Fabrice Kebour. L’adaptation du texte de Hector Crémieux, Etienne Tréfeu et Adolphe Jaime par Carlos Wagner et Benjamin Prins ne renonce pas davantage à un humour déjà jugé à l’époque passablement scatologique et que l’onomastique ne démentira pas – le bourgmestre en témoignera. Si cette composante se retrouve dans bien d’autres pièces du compositeur, l’effet d’accumulation n’est dans la présente sans doute pas suffisamment compensé par l’extravagance de l’invention et des contrastes pour ne pas succomber à la saturation, sinon la lassitude, ce que la relecture proposée n’atténue sans doute pas: à force d’être constamment sollicité, le rire finit par être fatigué avant même de jaillir.


Fidèle à la jeunesse et à plus d’un soliste déjà applaudi au cours de la saison languedocienne, la distribution offre à Avi Klemberg un Sifroy où s’épanouit sa personnalité généreuse, le loufoque ne sacrifiant pas la présence vocale. Jodie Devos pétille en Geneviève rayonnante et un brin mutine. Valentine Lemercier ne néglige pas l’espièglerie savoureuse de Drogan, qu’elle troque à l’occasion pour les caverneuses sommations de l’Ermite du fond de sa poubelle. Isoline qui arrive suspendue à une corde telle une déesse ex machina, Diana Higbee n’économise pas son sens du spectacle, quand Sophie Angebault innerve Brigitte d’une énergie à propos. Kévin Amiel n’a pas besoin d’excès débonnaire pour affirmer la satisfaction de Vanderprout. Sébastien Parotte ne démérite aucunement en Charles Martin. On retrouve la niaiserie comique du Narcisse de Thomas Morris dans le choeur des baigneuses. Essentiellement déclamatoire et fielleux, Jean-Marc Bihour se délecte de la cruauté de Golo. Mentionnons encore le duo de pandores, Pitou et Grabuge, dévolus respectivement à Enguerrand de Hys et Philippe Ermelier. Les cris de l’enfant, Arthur, confinent au parasitage. Sans oublier Alexandra Dauphin et Marie-Camille Goiffon, Irma et Blondette, ni les chœurs préparés par Noëlle Gény, on saluera la modestie efficace de la direction de Claude Schnitzler, sensible aux délicats équilibres de la partition, que restituent l’Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon.



Gilles Charlassier

 

 

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