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Chung taille grand

Paris
Cité de la musique
04/24/2001 -  
Antonin Dvorak : Sérénade pour dix instruments à vent, violoncelle et contrebasse, opus 44 – Symphonie n° 6, opus 60
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Variations sur un thème rococo, opus 33


Gautier Capuçon (violoncelle), Orchestre de chambre d’Europe, Myung-Whun Chung direction)

Gautier Capuçon vient introduire un peu de parité dans la jeune génération des violoncellistes francophones, riche en talents féminins très en vue (Anne Gastinel, Emmanuelle Bertrand, Marie Hallynck). Son frère aîné Renaud avait donné avec Myung-Whun Chung le Concerto pour violon de Dutilleux en février dernier (voir par ailleurs sur ce site). A la tête de l’Orchestre de chambre d’Europe, le chef coréen offre à nouveau un accompagnement de rêve, fin et lumineux, au soliste, qui, comme l’orchestre, fête cette année ses vingt ans.


Jouant un Mattio Goffriler de 1701, Gautier Capuçon fait preuve d’une maturité et d’une assurance confondantes. Au-delà de la solidité de son bras droit, de la puissance, de la pureté du son et de la netteté de l’articulation, il se refuse, en harmonie avec Chung, à considérer les Variations sur un thème rococo, cheval de bataille du répertoire virtuose, comme une pure démonstration de technique pour en faire un voyage fantastique à travers une succession de climats, faisant apparaître des abîmes inattendus dans la cadence et la valse lente.


Avec des chefs de pupitre « de luxe » tels que Douglas Boyd (hautbois), Romain Guyot (clarinettes) ou Nicolas Bône (altos), le caractère pastoral des deux œuvres de Dvorak s’annonçait plus confortable que rustique. Mais c’était sans compter avec la détermination habituelle de Chung, qui a souvent affiché ses affinités avec ce compositeur, à remettre en cause les clichés interprétatifs.


Certes, la Sérénade n’en continue pas moins d’avouer sa filiation avec Mozart et Brahms, mais elle répand, dans l’andante con moto, un parfum mahlerien inattendu. C’est davantage dans la Sixième symphonie que Chung adopte une démarche radicale. Le traitement est indéniablement audacieux et l’on peut se demander si les habits ne sont pas trop grands pour ce qui n’est encore que l’une des symphonies « médianes » de Dvorak, où celui-ci est à son meilleur lorsqu’il s’exprime sans détours, comme dans le furiant. Malgré un effectif restreint (trente-cinq cordes), l’équilibre entre les pupitres est toujours assuré, de telle sorte que les différentes voix ressortent avec une grande clarté.


Abrupte et anguleuse plus que pastorale, rigoureuse et exigeante plus que décorative, l’interprétation, servie par le tranchant des attaques et la précision du trait, met en lumière le travail sur les motifs. Le furiant, précisément, encore plus vif et nerveux qu’à l’ordinaire, en acquiert une urgence beethovenienne, loin de toute tentation folklorisante et sans exclure, dans l’allegro con spirito final, des moments de grâce mendelssohnienne. La verdeur de cette approche trouve un heureux contrepoids dans la qualité d’ensemble de l’orchestre (le moelleux de la petite harmonie, par exemple), qui ne le cède en rien aux talents individuels déjà révélés par la Sérénade.




Simon Corley

 

 

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