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Une création foisonnante

Reims
Opéra
02/06/2016 -  et 25, 26 février 2016 (La-Chaux-de-Fonds)
François Cattin : AMOK
Sophie Angebault (Alma), Till Fechner (Oskar), Dan Popescu (Le père d’Alma), Magali Arnault-Stanczak (Alma jeune fille), Christine Tocci (La mère d’Oscar), Julia Knecht (La sculptrice), Laure Slabiak (L’amie), Nicolas Zielinski (Le biologiste), Humberto Ayerbe Pino (L’homme engagé), Sébastien Obrecht (L’homme à la bille rouge), Vlad Crosman (Le compositeur), David Ortega (Le médecin), Julien Véronèse (L’homme laid)
KNM Berlin, Nicolas Farine (directeur musical)
Oriane Moretti (livret, mise en scène), Juliette Blondelle (scénographie), Nans Pierson (chorégraphe), Niitsu Adoka (plasticienne arts visuels), Joël Adam (lumières), David Messinger (costumes), Alain Juteau (accessoires)


(© Stéphane Audran)


Le centenaire de la Première Guerre mondiale ne se contente pas de spectacles commémoratifs mais suscite également des créations au rang desquels peut se compter la foisonnante initiative de François Cattin et Oriane Moretti, présentée par l’Opéra de Reims. AMOK, acronyme pour Alma Mahler et Oskar Kokoschka, retrace, sur le mode du souvenir par une femme en exil américain vingt-cinq ans plus tard, autant la relation amoureuse qui a réuni la veuve du compositeur, également musicienne, et le peintre, que le contexte de l’époque, sur un mode poétique et symbolique empruntant son matériau aux Fleurs du mal de Baudelaire et au Faust de Goethe. L’éclosion de citations dépasse d’ailleurs le nombre, et ne se limite pas au texte, ni aux deux enseignes de l’ouvrage.


La partition de François Cattin maîtrise les romantismes plus divers, de Schubert et ses lieder qui affleurent ici ou là presque sans masque, à Schumann et Les Amours du poète, et bien sûr Mahler, dans les motifs comme les affects, à plus d’une reprise. L’œuvre ne se limite cependant aucunement à quelque jeu de pistes et de clefs, et emmène le spectateur dans un voyage évocateur émouvant, du souvenir diaphane de la petite Alma sur son escarpolette à Oskar descendant dans une armoire s’ouvrant comme une tombe.


Egalement à la mise en scène, l’auteure du livret manifeste un semblable bouillonnement d’idées, peut-être mieux canalisé sur le plateau cependant, où les arabesques du graphisme de Juliette Blondelle portent çà et là l’empreinte de la profusion de Kokoschka, tandis qu’un ballet de masques à gaz réglé par Nans Pierson rappelle les ravages de l’ypérite. On appréciera l’appui efficace et poétique des lumières de Joël Adam et le travail de la plasticienne Niitsu Adoka.


La distribution vocale, encouragée par une écriture attentive, affirme une louable confiance en la nouvelle génération de talents français. En Alma, Sophie Angebault développe les entrelacs affectifs du personnage. Till Fechner souligne un Oskar fiévreux, volontiers déclamatoire. Magali Arnault-Stanczak condense la fraîcheur juvénile d’Alma adolescente, sous l’œil de son père, confié à Dan Popescu. La galerie de personnages secondaires se révèle semblablement investie. On remarquera la mère d’Oskar par Christine Tocci et l’Homme laid de Julien Véronèse, que l’on pourrait bien identifier à Zemlinsky. Dans ce tableau aux allures de cène, paraissent la Sculptrice de Julia Knecht, l’Amie de Laure Slabiak, Nicolas Zielinski en Biologiste, Humberto Ayerbe Pino en Homme enragé, Sébastien Obrecht, l’Homme à la bille rouge, aux côtés de Vlad Crosman en Compositeur et du Médecin par David Ortega. Sous la direction inspirée de Nicolas Farine, l’ensemble KNM de Berlin restitue la richesse d’une pièce étrangère aux cabales d’avant-garde qui mériterait, outre sa tournée à La Chaux-de Fonds, une diffusion au moins hexagonale.



Gilles Charlassier

 

 

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