About us / Contact

The Classical Music Network

Montpellier

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Turandot au triomphe sensible

Montpellier
Opéra Berlioz
02/08/2016 -  et 9, 11 février 2016
Giacomo Puccini : Turandot
Katrin Kapplusch (Turandot), Mariangela Sicilia (Liù), Rudy Park (Calaf), Gianluca Buratto (Timur), Changhan Lim (Ping), Loïc Félix (Pang), Avi Klemberg (Pong), Eric Huchet (Altoum), Florian Cafiero (Un mandarin), Marie-Adeline Choquet, Jean-Charles Jeantet, Felipe Heredia, Grégory Meilhac (danseurs), Jérémy Biffa, Mayd Curassier, Jean-Luc Daltrozzo, Marie Deruyck, Marion Fiévet, Cyril Ienna, Christophe Jullian, Chloé Lanzafame, Julien Milon, Harold Wolters (figurants)
Chœur de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (chef de chœur), Chœur de l’Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon, Noëlle Gény (chef de chœur), Chœur Opéra Junior-Petit Opéra, Caroline Comola (chef de chœur), Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, Michael Schønwandt (direction musicale)
Yannis Kokkos (mise en scène, décors et costumes), Natalie van Parys (chorégraphie, collaboration artistique à la mise en scène), Anne Blancard (dramaturgie), Patrice Trottier (lumières)


Présenté à Nancy en octobre 2013, puis à Metz l’année suivante, la nouvelle production de Turandot confiée à Yannis Kokkos arrive à Montpellier en ce début février. Sur le plus vaste plateau languedocien, la vision du metteur en scène grec peut s’épanouir généreusement en ses contrastes rouges et bleus. Si elle n’oublie pas la couleur extrême-orientale, la conception ne verse pas dans la pacotille exotique, ni la prise en otage par une adaptation socio-politique au-delà de la lettre de l’ouvrage: Anne Blancard fournit une dramaturgie équilibrée. L’efficacité visuelle s’appuie sur la chorégraphie dynamique imaginée par Natalie van Parys, qui donne une juste consistance aux mouvements de foule, qu’elle galbe avec un sens certain de la forme, tandis que les lumières de Patrice Trottier, dans des teintes souvent nocturnes, sinon oniriques, accompagnent, le moment opportun, les apparitions du globe lunaire. Spectacle et poésie se mêlent sous le signe de l’intelligence esthétique.


Dans la ligne du primo-cast nancéen, qu’il reprend sensiblement, le plateau fait la part belle à la vocalité. Si, dans le rôle-titre, Katrin Kapplusch doit affronter une redoutable écriture qui cherche parfois à la dominer, le Calaf de Rudy Park impressionne littéralement par des moyens à la mesure de sa stature imposante. Il n’est point d’aigu, ni de vaillance, que le prince ne soumette à son bronze implacable. Pour autant, la puissance sans faille ne se montre aucunement synonyme de musicalité fruste, et son incarnation n’omet pas les tensions inhérentes aux effluves de désir qui coulent dans ses veines. La délicate composition que Mariangela Sicilia livre en Liù ne s’en révèle que plus saisissante, et le frémissement de son soprano lyrique verse ses sucs dans une mort bouleversante.


Le reste de la distribution complète remarquablement le tableau, à commencer par le vulnérable Timur de Gianluca Buratto au timbre éminemment paternel. Le trio courtisan ne manque pas de relief, avec le Ping ample de Changhan Lim, le Pang léger de Loïc Félix et le Pong nourri par Avi Klemberg. Eric Huchet résume la fantomatique autorité d’Altoum, tandis que Florian Cafiero sait négocier l’intervention du mandarin.


Très fournis, avec le renfort des forces lorraines et d’Opéra Junior-Petit Opéra, les chœurs ne négligent pas la splendeur des pages qui leur sont confiées, soutenus par la direction habile et subtile de Michael Schønwandt. A la tête d’un Orchestre national Montpellier-Languedoc Roussillon qui semble avoir retrouvé sa sonorité et son identité, le nouveau directeur musical de la maison démontre, pour sa première production lyrique, une fine compréhension de la partition de Puccini, dont il explore les ressources intimistes comme l’ombre et la clef herméneutique de la pompe impériale, magnifiant la compréhension d’un drame moins monolithique que son injuste réputation.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com