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Un orchestre d’exception

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
02/06/2016 -  et 3 (Luxembourg), 5 (Paris) février 2016
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 5, opus 73 «L’Empereur»
Richard Strauss: Ein Heldenleben, opus 40

Nelson Freire (piano)
Koninklijk Concertgebouworkest, Semyon Bychkov (direction)


N. Freire (© Eric Dahan)


En résidence au Bozar à l’occasion de la Présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne, l’Orchestre royal du Concertgebouw revient à Bruxelles deux semaines, presque jour pour jour, après le concert d’ouverture officiel en présence des couples royaux de Belgique et des Pays-Bas (voir ici). Sous la direction de Semyon Bychkov, la formation amstellodamoise termine ainsi dans la capitale une tournée ayant passé par Barcelone, Madrid, Luxembourg, Francfort et Paris.


Nelson Freire remplace Jean-Yves Thibaudet dans le Cinquième Concerto (1809) de Beethoven mais le public n’a rien perdu au change avec le grand pianiste brésilien, d’une sobriété et d’une intégrité totales. S’inscrivant dans la grande tradition et dégageant un sentiment d’évidence, cette interprétation cohérente et creusée séduit grâce à l’équilibre des proportions, à la netteté de la découpe et à la justesse de l’impulsion. Le pianiste développe une sonorité de toute beauté, au moyen, notamment, d’un toucher d’une grande finesse, et dose très précisément la dynamique, les tempi paraissant toujours naturels, ni trop lents, ni trop rapides. Il confère à son interprétation juste ce qu’il faut d’énergie et de grandeur, tout en modelant le phrasé et en gardant à l’esprit la clarté de la structure. Semyon Bychkov, qui ne compte pas parmi les chefs les plus charismatiques, assure un accompagnement impeccable, les dialogues instrumentaux s’avérant très au point, mais il a tendance à s’effacer au profit du soliste. Ce dernier, véritable poète du clavier, remercie le public avec la plainte d’Orphée extraite d’Orphée et Eurydice de Gluck, parfaite de retenue et d’éloquence.


Une vie de héros (1898) de Strauss (né en 1864 et non en 1846 comme indiqué dans le programme) constitue depuis longtemps un des chevaux de bataille de cet orchestre, le compositeur ayant dédicacé cette œuvre magistrale à cette formation ainsi qu’à son directeur musical de l’époque, Willem Mengelberg. Entendre cette musique par un orchestre pareil procure bien évidemment un sentiment proche de l’extase. Il paraît ainsi difficile d’imaginer une plus belle petite harmonie dont chaque intervention, notamment le hautbois superlatif d’Alexei Ogrintchouk, constitue un véritable délice, de sorte qu’il faudrait citer et saluer tous les chefs de pupitre. Les cordes, souples, unies et chaleureuses, atteignent, elles-aussi, le plus haut degré d’excellence. Parmi elles, outre la figure bien connue de Tatjana Vassiljeva, qui a rejoint les rangs de l’orchestre en 2014, le remarquable concertmeester Vesko Eschkenazy se montre souverain dans sa longue partie soliste. Les cuivres, ultra précis (les trompettes en coulisse!), affichent également beaucoup de présence tandis que le timbalier Nick Woud satisfait autant les attentes que Marinus Komst, admirable, auparavant, sur de plus petites timbales, dans le concerto de Beethoven.


Cet orchestre à la sonorité magnétique donne l’impression qu’il n’a pas besoin de chef pour exécuter cette musique. Peu démonstratif, Semyon Bychkov livre pourtant une interprétation grandiose et passionnante, pleine de souffle et de noblesse, restituant exactement le contenu expressif et évocateur de cette musique géniale. Même lorsque l’orchestre joue fort, le son ne sature pas, l’exécution demeurant, sur le plan dynamique, d’une très grande maîtrise. En outre, la précision de la mise en place permet d’apprécier chaque intervention et révèle maints détails de cette partition foisonnante. A la fin, avant que les applaudissements ne retentissent, le chef observe un moment de recueillement, tardant même à se retourner vers les spectateurs, parmi lesquels figure au parterre le chef Stéphane Denève, un des premiers à se lever pour l’ovationner – diriger cet orchestre d’exception doit sans doute faire rêver.


Aux Pays-Bas, il n’y a pas que l’Orchestre royal du Concertgebouw. Toujours dans le cadre de la présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne, l’Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise se produira, dans cette salle, le 9 mars, sous la direction de Diego Matheuz, dans des œuvres de Rimski-Korsakov, Tan Dun et Stravinski. Il sera suivi, le 2 mai, par l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, dirigé par Yannick Nézet-Séguin, dans un très intéressant programme entièrement russe : Francesca da Rimini de Tchaïkovski, Second Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, avec Sol Gabetta, et Septième Symphonie de Prokofiev.


Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw



Sébastien Foucart

 

 

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