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Le Bruckner agnostique de Paavo Järvi

Paris
Philharmonie 1
01/27/2016 -  et 28 janvier 2016
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 24, K. 491
Anton Bruckner : Symphonie n° 5

Lars Vogt (piano)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


L. Vogt (© Neda Navace)


Retrouvailles entre Lars Vogt et Paavo Järvi à l’Orchestre de Paris, après le ici de la saison. Ils donnent cette fois le Vingt-Quatrième Concerto de Mozart... le jour de ses 260 printemps. Lecture tendue, dramatisée, pré-beethovenienne, où chef et pianiste se rejoignent, même si le second se libère plus que le premier – superbes bois en tout cas. Sonorité dense et colorée, jeu inventif, très contrasté, parfois impatient : on se situe à l’exact opposé de la contreperformance de Peter Serkin. Les variations de l’Allegretto final, par exemple, sont moins conçues comme une forme pure que comme autant de scènes d’un drame instrumental – mais le pianiste aura auparavant fait chanter le Larghetto. Cela tranche sur des lectures plus concentrées, plus soucieuses d’équilibre classique. Pour le bis, Vogt convoque une fois de plus le Nocturne en do dièse mineur de Chopin, aux teintes pastel, à la belle main gauche.


On n’attendait pas de Paavo Järvi une Cinquième de Bruckner mystique. Le premier mouvement joue sur les contrastes, mais sans fragmenter le discours, avec des crescendos très tenus, avec aussi un refus de l’abandon et de l’arrondi. Le tempo est rapide, ce qui ne flatte pas toujours l’orchestre. Plus rapide encore celui de l’Adagio, pied de nez au sehr langsam de Bruckner lui-même : le généreux thème des cordes a même quelque chose d’implacable, comme si le chef voulait à tout prix ôter à cette musique toute dimension spirituelle. De quoi en hérisser plus d’un... La direction, quoi qu’il en soit, assume son audace – ou sa rébellion. Le Scherzo, du coup, peut s’enchaîner directement : après tout, il reprend sur un autre registre le début de l’Adagio... Lignes droites, angles aigus, presque course à l’abîme. Mais le Trio manque de rondeur piquante, pas assez Ländler, pas assez gemütlich. On attendait un final de la même veine : curieusement, le tempo se ralentit et rejoint des interprétations plus traditionnelles. L’élan, du coup, se brise, malgré l’impeccable clarté des plans, la gigantesque fugue, plus maîtrisée dans la structure que dans la durée, semble presque statique : la cathédrale est là, avec ses piliers et ses arcs, mais on la dirait désaffectée. A pécher contre l’Esprit...



Didier van Moere

 

 

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