About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Apocalypse évitée

Vienna
Konzerthaus
01/17/2016 -  et 19, 20 (Köln), 22 (Gent) janvier 2016
Georg Friedrich Händel : Te Deum, HWV 278 – Cantate «Donna, che in ciel di tanta luce splendi», HWV 233
Georg Philipp Telemann : Die Donnerode, TWV 6:3

Ann Hallenberg (mezzo-soprano), Céline Scheen, Aleksandra Turalska (sopranos), Aneta Petrasová, Kamila Mazalová (altos), Alessio Tosi, Václav Cízek (ténor), Marián Krejcik (baryton), Lisandro Abadie (basse)
Collegium vocale 1704, Collegium 1704, Václav Luks (direction)


Le Collegium 1704 (© Libor Svácek)


C’est sous le thème de l’apocalypse que se tient l’édition 2015 du festival de musique ancienne «Resonanzen» organisée par le Konzerthaus (le parapluie retourné en guise de logo étant probablement annonciateur de changement climatique). Effectivement, le programme était destructif: deux séries de tremblements de terre – Rome, 1703: 5 000 morts; Lisbonne, 1755: 50 000 morts – et une guerre – guerre de Succession d’Espagne, 1701-1714: 500 000 morts – respectivement commémorées par une cantate Donna, che in ciel, une Ode au tonnerre et un Te Deum.


Les cordes de l’ensemble Collegium 1704 ne sont pas très étoffés (deux pupitres de violons seulement), mais sonnent cependant amples et contrastées. Le secret tient probablement à l’approche souple des interprètes, qui laissent s’épanouir les timbres plutôt que de forcer leur sonorité. Le fait de jouer sur instruments d’époque, archets baroques en plus pour les cordes, pistons en moins pour les cuivres, rend cela nécessaire. La gestique un peu excessive de leur chef et fondateur, Václav Luks, reflète bien cette conception: tout en élasticité, et attachant une attention maniaque aux respirations (d’ailleurs jusque dans la synchronisation des saluts au public, dirigés comme s’il s’agissait de l’entrée d’un instrument).


Dans le Te Deum, si l’homogénéité des instruments est exceptionnelle, le traitement des dix-neuf voix préserve la diversité des timbres de chaque choriste. Les chanteurs s’avancent de quelques pas pour leurs passages en solo, et se combinent à tour de rôle. Luks réussit bien les enchaînements de tempos, et construit méthodiquement les montées en tension. La seconde pièce de Haendel est d’un style bien différent, plus italianisante et virtuose pour les instrumentistes et solistes. Si on peut s’émerveiller de la malléabilité du style du compositeur, qui n’a pas 22 ans lorsqu’il écrit cette cantate, on constate aussi quelques longueurs entre les pépites de la partition. La mezzo-soprano suédoise Ann Hallenberg remplit avec une exquise aisance sa partie; une interprétation fluide et transparente, sombre et dramatique à l’occasion, sans jamais compromettre une élocution claire.


La seconde partie du programme est consacrée à Telemann, compositeur ô combien prolifique et encore aujourd’hui mésestimé. Un farceur m’avait un jour déclaré que «Telemann, c’est du Bach en do majeur» – cette ode, aux effets très inventifs et ne manquant pas de dramaturgie, le contredirait sans doute! Les solistes y forment des duos avec une série d’instruments assez inattendus: basson, cor, trompette, hautbois... Sans amoindrir aucunement le mérite de chacun des solistes, citons tout de même la soprano Céline Scheen, qui illumine la scène de son legato soyeux et son timbre perlé.


Un concert mené avec fraicheur et vivacité qui confirme les qualités du Collegium 1704.


Le site du Collegium 1704



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com