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Un Rigoletto mémorable

Milano
Teatro alla Scala
01/13/2016 -  et 17*, 20, 22, 24, 29 janvier, 6 février 2016
Giuseppe Verdi: Rigoletto
Vittorio Grigolo*/Piero Pretti (Il Duca), Leo Nucci (Rigoletto), Nadine Sierra (Gilda), Carlo Colombara (Sparafucile), Annalisa Stroppa (Maddalena), Chiara Isotton (Giovanna), Giovanni Furlanetto (Monterone), Davide Pelissero (Marullo), Martin Piskorski/Azer Rza-Zada* (Matteo Borsa), Gianluca Breda (Conte di Ceprano), Federica Lombardi (Contessa di Ceprano), Kristín Sveinsdóttir (Paggio), Oliver Pϋrckhauer (Usciere)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Nicola Luisotti (direction musicale)
Gilbert Deflo (mise en scène), Lorenza Cantini (reprise de la mise en scène), Ezio Frigerio (décors), Franca Squarciapino (costumes), Marco Filibeck (lumières)


(© Teatro alla Scala)


La reprise de Rigoletto à la Scala, dans une mise en scène très classique de Gilbert Deflo étrennée par Riccardo Muti en 1994, s’annonçait comme un spectacle de routine, surtout après les fastes de Giovanna d’Arco, qui a ouvert la saison 2015-2016 il y a un peu plus d’un mois. C’était sans compter une distribution hors pair, qui offre une interprétation mémorable du chef-d’œuvre de Verdi et fait se lever la salle entière, du jamais-vu à Milan ! Le principal artisan de ce triomphe est le baryton Leo Nucci, qui a interprété le rôle-titre plus de 500 fois sur toutes les grandes scènes du monde entier. A 74 ans, le chanteur prouve qu’il est toujours sans rival, avec sa longueur de souffle impressionnante, son « legato » exemplaire et son sens des nuances et des couleurs. Si la voix n’a peut-être plus toute la puissance ni l’autorité de naguère, l’interprète sait habilement compenser le passage des ans par une expressivité prodigieuse, avec une attention constante portée à chaque mot et à chaque note. L’artiste est ici davantage homme et père que bouffon, culminant avec un « Cortigiani » des plus émouvants. Le « Vendetta » est ensuite attaqué avec une énergie incroyable, qui met la salle à genoux. Devant un public en délire, Leo Nucci fait des œillades à sa collègue soprano, au chef d’orchestre et au directeur du théâtre installé dans sa loge, puis entame un « bis » qui sera accueilli par une ovation debout, comme ce fut déjà le cas le soir de la première. La presse italienne n’a pas hésité à parler d’« événement historique ». Les « bis » en effet avaient été formellement interdits à la Scala par Toscanini. Une première brèche avait déjà été ouverte par Riccardo Muti en 1986, lorsqu’il avait fait répéter le célèbre « Va pensiero » de Nabucco, un geste qu’il renouvellera dix ans plus tard. Plus près de nous, Juan Diego Florez avait, lui, bissé l’air de Tonio « Ah mes amis » de La Fille du Régiment en 2007, mais il faut dire que l’interdit de Toscanini valait surtout pour Verdi.


Le Duc de Mantoue a beau être l’une des incarnations les plus connues de Vittorio Grigolo, on la retrouve toujours avec le même plaisir, tant le ténor est ici parfaitement dans son élément. Sa prestance physique et sa fougue s’allient à son chant passionné, à son timbre solaire et à ses aigus éclatants pour aboutir à une incarnation idéale, le seul bémol étant une tendance à toujours chanter forte. La surprise vient de la Gilda de Nadine Sierra, une soprano américaine de 28 ans qui fait figure de révélation. Sa fraîcheur vocale et son timbre pur et léger rendent parfaitement crédible son personnage de jeune fille ingénue, sans parler de ses aigus étincelants, de l’homogénéité de sa ligne de chant et de ses vocalises clairement dessinées. Il ne reste plus qu’à espérer que cette jeune interprète talentueuse, qui a déjà l’Opéra de Paris, le Met et maintenant la Scala à son palmarès, gardera la tête froide et ne se brûlera pas les ailes. La superbe prestation du chœur ainsi que le Sparafucile sonore de Carlo Colombara et la Maddalena sensuelle d’Annalisa Stroppa complètent une distribution de haut vol. Dans la fosse, Nicola Luisotti, qui a repris la baguette au pied levé de Mikko Franck, exacerbe la tension dramatique avec une lecture intense et flamboyante, malgré plusieurs décalages avec le plateau. Au rideau final, nouvelle ovation debout pour Leo Nucci et applaudissements enthousiastes pour tous les autres interprètes. Une représentation qui restera longtemps gravée dans la mémoire des spectateurs présents.



Claudio Poloni

 

 

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