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Le manège de Trébizonde enchantée

Limoges
Opéra-Théâtre
01/03/2015 -  et 5* janvier 2015
Jacques Offenbach : La Princesse de Trébizonde
Amel Brahim-Djelloul (Zanetta), Julie Robard-Gendre (Le Prince Raphaël), Martial Defontaine (Trémolini), Romie Estèves (Régina), Michel Vaissière (Cabriolo), Marie-Thérèse Keller (Paola), Aaron Ferguson (Le Prince Casimir), Olivier Hernandez (Sparadrap), Christophe Gateau (Le directeur de la Loterie)
Chœur de l’Opéra de Limoges, Jacques Maresch (chef de chœur), Orchestre de Limoges et du Limousin, Nicolas Krüger (direction musicale)
Waut Koeken (mise en scène), Benjamin Prins (assistant mise en scène, dramaturgie), Benoît Dugardyn (scénographie), Carmen Van Nyvelseel (costumes), Nathalie Perrier (lumières), Joshua Monten (chorégraphie)


(© Thierry Laporte)


Très sollicité par la programmation festive de fin d’année, Offenbach ne se résume pas pour autant à La Belle Hélène ou Orphée aux enfers, que Tours ou Nancy viennent de mettre à l’honneur. Après la recréation lyonnaise du Roi Carotte, après presque cent cinquante ans de sommeil en bibliothèque, Limoges reprend La Princesse de Trébizonde exhumée en 2013 par Saint-Etienne, au sortir d’un siècle de relatif oubli.


Réglée avec brio par Waut Koeken, dont le Barbe-Bleue nancéen – un autre ouvrage du grand Jacques – avait reçu de justes éloges, la mise en scène imaginée au lendemain de la présidentielle n’a pas perdu de sa saveur, et l’émoussement de son actualité n’entame guère l’acuité de sa satire. Sans doute d’ailleurs la distance temporelle induite favorise-t-elle la poésie fantaisiste qui se dégage du livret de Nuittier et Tréfeu. Cela n’empêche nullement de goûter les facéties du directeur de la maison, Alain Mercier, donnant de sa personne pour annoncer, au début de la soirée, la présence dans la salle du prince Casimir par un lapsus volontaire le métamorphosant pendant quelques secondes en «François Ier de Hollande».


Rehaussé par la poésie des lumières de Nathalie Perrier, le décor de manège enchanté par une Zanetta de fausse porcelaine et la loterie qui fait passer les saltimbanques de l’impécuniosité égayée à l’ennui châtelain singeant les supposées grandes manières sert d’écrin à un comique qui se teinte progressivement de tendresse. Les saillies drolatiques s’inscrivent dans l’économie dramaturgique générale, et privilégient la constance d’un amusement affectueux à la férocité d’un éclat de cruauté. Les chorégraphies imaginées par Joshua Monten participent de la vitalité tranquille d’un spectacle, à l’issue duquel le public est invité à reprendre l’un des thèmes discrètement mélancolique, au diapason de l’ouvrage – et de l’inspiration profonde d’Offenbach.


Le plateau vocal se montre à la mesure du plaisir dispensé par les yeux. Amel Brahim-Djelloul domine avec une Zanetta fruitée, pétillante dans les aigus et mâtinée d’un irrésistible douceur. Julie Robard-Gendre maîtrise aussi bien l’androgynie conventionnelle du prince Raphaël que la touchante maladresse du personnage que l’on devine verni à plus d’astuce qu’il n’en laisse paraître. Martial Defontaine résume un Trémolini confit d’amour pour la Régina pimpante de Romie Estèves. Michel Vaissière ne néglige aucunement l’autorité caricaturale sur pilotis de faiblesse qui identifie Cabriolo, quand Marie-Thérèse Keller condense avec gourmandise les accents de gouaille de Paola. Le Sparadrap d’Olivier Hernandez s’attire aisément la sympathie de l’assistance, quand Aaron Ferguson s’avère meilleur sur planches qu’en voix. Préparé par Jacques Maresch, le chœur répond à la synthèse entre sagesse et enthousiasme que l’on reconnaît dans l’Orchestre de Limoges et du Limousin, sous la baguette de Nicolas Krüger.



Gilles Charlassier

 

 

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