|
Back
Gouaches, fusains, aquarelles et eaux-fortes Geneva
Victoria Hall
12/09/2015 - et 10 décembre 2015
Maurice Ravel: Valses nobles et sentimentales
Henri Dutilleux: Concerto pour violoncelle «Tout un monde lointain»
Richard Dubugnon: Arcanes symphoniques, opus 30 (version 2015): «La Roue de la Fortune», «La Force», «La Maison-Dieu», «L’Amoureux» & «Le Soleil»
Claude Debussy: La Mer
Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction) 
J. Nott (© Thomas Müller)
Voici une soirée attendue avec curiosité et impatience par les musiciens et le public puisqu’il s’agit du dernier concert que va donner à Genève Jonathan Nott avant de prendre ses fonctions de directeur musical de l’Orchestre de la Suisse Romande la saison prochaine.
Lors de la conférence de presse au cours de laquelle sa nomination avait été annoncée, Jonathan Nott avait évoqué à demi-mot sa curiosité de pouvoir explorer la musique française avec l’OSR. Le choix d’œuvres que connaissent particulièrement bien musiciens et public permet de commencer à découvrir son style et à apprécier son apport. Ainsi le son de l’orchestre est moins fondé sur les bois et les cordes ont plus de densité. Ces dernières sont dans une disposition inhabituelle: premiers violons, violoncelles et contrebasses (derrière et donc «à gauche»), altos et seconds violons, qui permet de découvrir des harmonies nouvelles dans des œuvres pourtant familières.
Les Valses nobles et sentimentales de Ravel sont menées avec beaucoup d’attention et une réelle intelligence dans le développement de la ligne musicale mais il y a peut-être plus de vérité à garder une certaine distanciation et à laisser se développer cette musique qui n’a pas été écrite par un natif Viennois. La Mer de Debussy trouve des couleurs fortes et un certain dramatisme qui nous confirment que bon nombre de musiciens outre-Manche ont comme modèle ce que faisait un Karajan dans cette œuvre et non l’objectivité d’un Boulez.
Dans ce programme exigeant, Jonathan Nott nous rappelle qu’il a été le directeur musical de l’Ensemble intercontemporain en incluant deux œuvres de notre temps où il démontre un savoir-faire éloquent. C’est un orchestre aux sonorités plus irisées qui nous est proposé dans Tout un monde lointain de Dutilleux. La richesse du violoncelle de Truls Mørk et l’intériorité du discours impressionnent dans cette œuvre tandis que l’orchestre l’accompagne avec beaucoup de soin. Inspirées par les cartes du jeu de tarot, les cinq pièces extraites des Arcanes symphoniques du Lausannois Richard Dubugnon sont des modernes et pleines de fantaisie et de caractère. Tour à tour, «La Roue de la Fortune» est élégante, «La Force» est pleine de dynamisme tandis que «La Maison-Dieu» est mystérieuse, «L’Amoureux» est enjoué et bénéficie du solo de Florin Paul au premier violon, «Le Soleil» est plein de majesté. Il y a quelques semaines, Esa-Pekka Salonen et l’Orchestre Philharmonia faisaient triompher dans cette même salle le Caprice brillantissime du même compositeur. Le même public lui a accordé un même accueil enthousiaste.
Ce concert marquait la dernière apparition dans cette salle de Robert Thuillier, flûtiste à l’OSR. Jonathan Nott, les musiciens et le public lui ont tous rendu hommage. D’ici la saison prochaine, il y a fort à parier que le son que cet artiste a connu avec les Jordan, Luisi, Janowski, Järvi... va profondément changer et que cette transformation devrait être artistiquement passionante.
Antoine Lévy-Leboyer
|
