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Avec toutes les reprises !

Baden-Baden
Festspielhaus
05/27/2015 -  
Johann Sebastian Bach : Italienisches Konzert, BWV 971 – Französische Ouvertüre, BWV 831 – Goldberg-Variationen, BWV 988
András Schiff (piano)


A. Schiff (© Hiroyuki Ito)


András Schiff en récital : toujours de longs moments d’ébahissement en perspective, devant une technique qui semble tout rendre évident et facile, y compris les massifs les plus touffus. Ici ce sont les Variations Goldberg qui constituent le plat de résistance : jouées par cœur (chez Schiff c’est une habitude, même pour ce genre de monument de contrepoint), imperturbablement directes, visant immédiatement à l’essentiel. L’alternance des pièces conçues initialement pour un ou deux claviers est limpide, avec ses moments de virtuosité roborative et ses instants de contrepoint canonique plus mélodique et ludique. Une approche très physique, jamais cérébrale, encore moins ennuyeuse. Un Bach souverain, intemporel, sans perruque mais pas débraillé non plus, comme on l’aime.


Que jouer avant ? Schiff ne s’embarrasse pas de demi-mesures. Un Concerto italien pour se mettre en doigts, éclaboussé de traits impeccablement ourlés et de contrastes dynamiques attendus mais superbement clairs. Ce qui n’empêche pas l’Andante de chanter en finesse, avec son ornementation dont toute crispation semble évacuée, pour le seul plaisir de l’élégance de la ligne. Et ensuite l’Ouverture à la Française, clin d’œil de Bach à un formalisme de cour dont il semble s’ingénier à démonter les tics pour donner davantage d’universalité à l’hommage. Les danses se succèdent et Schiff dépense des trésors d’imagination à leur trouver chaque fois un autre calibrage et une autre agogique dans les rebonds. C’est prodigieux.


Question plus futile ? Que jouer en bis après les Goldberg? Rien, sans doute...


Eh bien non, Schiff se rassoit sur son tabouret et attaque, on n’ose en croire ses oreilles... la Sonate Opus 109 de Beethoven. Et toute entière, bien sûr, donc y compris les variations du dernier mouvement, car c’est bien là que l’équilibre de ce concert en trois volets va prendre tout son sens. Un Beethoven de la même eau que le Bach précédent, suprêmement maîtrisé au point même d’en paraître trop simple, sans les déchirements qui peuvent naître sous des doigts davantage perturbés par certains de ces équilibres de main si difficiles à réaliser sur le clavier lourd d’un piano moderne. Quel aplomb ! Le public, qui commence à s’agiter davantage sur les sièges, à mesure que ce bis incroyable s’éternise, en reste stupéfait.



Laurent Barthel

 

 

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