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L’épreuve de la rampe

Strasbourg
Opéra national du Rhin
09/29/2015 -  
Mélodies et Lieder de Gabriel Fauré, Hugo Wolf, Ernest Chausson, Claude Debussy, Richard Strauss et Francis Poulenc
Sandrine Piau (soprano), Susan Manoff (piano)


S. Piau (© Sandrine Expilly)


On ne présente plus Sandrine Piau, et surtout plus depuis une jolie série de récitals de Lieder et de Mélodies françaises publiée par petites étapes chez Naïve. Un monde particulier de charme, d’élégance et de sensibilité, et assurément des disques de chevet pour tout amateur du genre. Restait à retrouver cette poésie ténue, toute en nuances, palette de respirations minutieusement dosées sans jamais paraître trop artistement préméditée, à l’épreuve du concert. Et ce dans une salle de l’Opéra du Rhin à Strasbourg quand même de dimensions relativement larges. N’allait-t-on pas y perdre, en ne retrouvant de cet art subtil qu’une enveloppe vide ou du moins limitée par des insuffisances de projection ?


Pas du tout, et heureusement. On est rassuré d’emblée. Le timbre est beau, avec une vraie substance, les intonations passent et même les mots. Le français est parfait, le plus souvent intelligible, et l’allemand étonnant de justesse. L’interprète paraît initialement un peu timide, à la recherche de ses marques, ce dont témoigne aussi une gestuelle d’abord un peu désordonnée et automatique, mais très vite de superbes climats s’installent et chaque nouvelle pièce apporte son lot de beautés.


Alternance parfaite autour de l’entracte, avec chaque fois deux volets français disposés de part et d’autre d’un noyau allemand : Wolf d’abord, Strauss ensuite. L’investissement du premier paraît idéal, tout en petites facettes cursives et sensibles, l’approche du second souffrant en revanche d’un rien de fixité dans l’aigu. Là les moyens d’une véritable straussienne de grand format, surtout dans des Lieder aussi larges, nous manquent un peu, mais ce que Sandrine Piau réussit malgré tout à équilibrer avec les moyens qu’elle a reste infiniment touchant. On fond aussi devant des Chansons de Bilitis toutes en frissons à fleur de peau, ou devant ce Temps des Lilas de Chausson si justement ému, jusqu’au léger grain qui vient altérer le timbre sur les derniers mots du poème.


Au piano Susan Manoff accompagne avec sa vigueur et son pragmatisme coutumiers, sans jamais cependant bousculer ni perturber l’émotion du chant. Deux approches apparemment divergentes et pourtant complémentaires, ces deux là paraissant particulièrement bien s’entendre voire s’écouter. Délicieuse soirée !



Laurent Barthel

 

 

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