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Terres arides

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/26/2015 -  et 22, 23 (Rotterdam), 25 (Dortmund) octobre 2015
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 « Pastorale », opus 68
Gustav Mahler : Das Lied von der Erde

Sarah Connolly (mezzo), Robert Dean-Smith (ténor)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Yannick Nézet-Séguin (direction)


S. Connolly (© Peter Warren)


Hôte régulier des Champs-Elysées avec son orchestre de Rotterdam, Yannick Nézet-Séguin a proposé pour son dernier concert deux œuvres phares du répertoire : la Pastorale de Beethoven et Le Chant de la terre de Mahler. Programme exigeant, aussi, où il faut affronter d’innombrables références.


Le chef canadien a relevé le défi, quitte à nous heurter parfois, en particulier dans une Pastorale où son orchestre sonne trop sec. Il ne veut visiblement pas perpétuer une tradition de sourire et de rondeur plus ou moins viennoises, de vision arcadienne : les bergers ont ici la vie rude. On apprécie surtout, dès l’Allegro non troppo initial, la clarté polyphonique des plans, l’attention portée aux voix intermédiaires, ainsi qu’une certaine verdeur agreste qui, jusqu’à la fin, caractérisera la lecture à travers une franchise des couleurs et des accents. Et l’orage reste très tenu, sans surenchère dans la théâtralité – peut-être parce que, justement, Nézet-Séguin a aussi l’habitude de la fosse...


Terres arides ? Que dire alors du Chant de la terre, de cette approche très sombre où l’on croit errer sur une lande désolée pour un autre Voyage d’hiver ? Plus que jamais, la direction met à nu l’enchevêtrement des voix et des timbres, déployant une énergie désespérée qui se trouve bien au cœur de la partition. La modernité de l’écriture, du coup, ressort admirablement, comme si tout un système se décomposait – d’autres choisissent de montrer au contraire qu’il se survit. Mais alors que le chef canadien ne lâche pas la bride, l’ironie dansante, les relents de bastringue ne sont pas éludés, pas plus que la nostalgie poignante d’un « Adieu » à la durée parfaitement assumée. On comprend ici que Mahler ait pu fasciner Chostakovitch... Et plus que dans la Pastorale, l’orchestre, révèle ses belles qualités, solistes ou ensemble.


L’émotion que suscite ce Chant de la terre tient aussi aux voix. La « Chanson à boire de l’affliction de la terre » n’époumone pas plus – plutôt moins, peut-être... – que d’autres Robert Dean Smith, qui non seulement résiste à une partie littéralement impossible, mais parvient à nuancer et à interpréter, offrant un « De la jeunesse » allégé et un « Homme ivre au printemps » à l’ébriété ironique et maîtrisée. Sarah Connolly est simplement superbe, timbre riche, chaud et sensuel, mezzo bien timbré dans le bas-médium et le grave. Et les mots, si forts, si sombres, ne lui échappent pas, sertis dans une ligne magnifiquement sculptée, avec des couleurs variant au gré de l’expression.



Didier van Moere

 

 

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