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Roberto Alagna garde brillamment le cap

Berlin
Deutsche Oper
10/04/2015 -  et 7, 11, 15, 18, 24* octobre 2015
Giacomo Meyerbeer : Vasco de Gama
Seth Carico (Don Pedro), Andrew Harris (Don Diego), Nino Machaidze (Ines), Roberto Alagna (Vasco de Gama), Clemens Bieber (Don Alvar), Dong-Hwan Lee (Le Grand Inquisiteur), Markus Brück (Nelusco), Sophie Koch (Selica), Albert Pesendorfer (Le Grand Prêtre), Irene Roberts (Anna), Paul Kaufmann (Premier marin), Gideon Poppe (Deuxième marin), Thomas Lehman (Troisième marin), Michael Adams (Quatrième marin)
Chor der Deutschen Oper Berlin, William Spaulding (préparation), Orchester der Deutschen Oper Berlin, Enrique Mazzola (direction musicale)
Vera Nemirova (mise en scène), Sonja Nemirova (collaboration à la mise en scène), Jens Kilian (décors), Marie-Thérèse Jossen (costumes), Silke Sense, Bharti Ramdhoni (chorégraphie), Marcus Richardt (vidéo), Ulrich Niepel (lumières), Jörg Königsdorf (dramaturgie)


(© Bettina Stöss)


La Deutsche Oper de Berlin vient de frapper un grand coup en présentant une rareté de Meyerbeer, Vasco de Gama. Une rareté est un euphémisme puisque l’ouvrage n’avait été représenté qu’une seule fois jusqu’ici, en 2013 à Chemnitz (Saxe). Il s’agit en fait de la dernière partition du compositeur (né à Berlin soit dit en passant), achevée peu avant sa mort. L’œuvre a subi de nombreuses coupures et adaptations avant d’être mise en scène sous le nom de L’Africaine en 1865 à Paris. Vasco de Gama en est la version initiale et intégrale, avec près d’une heure de musique supplémentaire. Surtout, le titre de l’intégrale est plus approprié, puisque l’action de l’opéra se déroule non pas en Afrique, mais au Portugal et aux Indes, le cœur du célèbre navigateur Vasco de Gama balançant entre l’aristocrate portugaise Ines et la princesse hindoue Selica. Par rapport à la version présentée à Chemnitz cependant, la production berlinoise a été amputée d’une bonne vingtaine de minutes de musique. Qu’importe, le spectacle a suscité une grande curiosité et a permis de découvrir une œuvre captivante, malgré d’indéniables longueurs.


Enrique Mazzola s’est révélé un choix idéal pour diriger la partition de Meyerbeer. Même si sa lecture n’est pas exempte de lourdeurs, le chef a su trouver l’ampleur et les couleurs qu’exige cette grande fresque musicale où les rebondissements succèdent aux coups de théâtre, Grand Opéra oblige. Si elle n’est pas des plus inspirées, la mise en scène de la Bulgare Vera Nemirova a néanmoins le mérite d’être parfaitement lisible et fluide, ce qui ne va pas de soi au pays du «Regietheater.» Avant même le lever de rideau, le plateau est parsemé de bateaux miniatures en papier. Puis un grand tableau noir représentant le globe terrestre s’abaisse pour occuper l’espace à l’horizontal et laisser apparaître des mâts en bois avec de grandes voiles. Dans cet univers poétique et stylisé, l’apparition de combattants cagoulés et portant des mitraillettes pour figurer les Hindous attaquant les Portugais laisse perplexe. La scène de la christianisation particulièrement violente et brutale de Selica paraît, elle aussi, déplacée par rapport au reste de la production, nettement plus consensuelle.


Indisposé le soir de la première, Roberto Alagna a fourni dans le rôle-titre une magnifique prestation lors de la dernière représentation. Acteur passionné et investi dans son personnage, timbre éclatant, voix bien contrôlée sur toute la tessiture, aigus insolents et surtout diction impeccable rendant la lecture des surtitres superflue, le ténor français a confirmé avec éclat qu’à ce stade de sa carrière, il a bien raison de vouloir explorer tout un pan largement méconnu du répertoire lyrique français. On attend d’ores et déjà avec impatience sa prise de rôle dans La Juive à Munich l’été prochain. Malgré quelques signes de fatigue au dernier acte (mais tous les rôles de l’opéra sont longs et éprouvants), Sophie Koch ne lui a cédé en rien en termes de diction et de panache, incarnant une Selica sensuelle et passionnée. Sa rivale Ines avait les traits de Nino Machaidze, aux grandes envolées lyriques touchantes, en dépit d’extrêmes aigus un peu serrés. Il convient aussi de relever l’excellent Nelusko de Markus Brück. Si, globalement, la distribution vocale était de très bon niveau, on ne peut néanmoins que regretter le français exotique et incompréhensible de la plupart des chanteurs. Le chœur, lui aussi, aurait dû travailler davantage sur le texte. Vasco de Gama mérite désormais d’être défendu par une équipe entièrement francophone.



Claudio Poloni

 

 

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