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Formidable soirée

Paris
Palais Garnier
10/22/2015 -  et 23, 24, 26*, 27, 28, 30, 31 octobre, 2, 3, 5, 6, 7, 8 novembre 2015
Anne Teresa De Keersmaeker/Béla Bartók: Quatuor n° 4
Anne Teresa De Keersmaeker/Ludwig van Beethoven: Die grosse Fuge
Anne Teresa De Keersmaeker/Arnold Schoenberg: Verklärte Nacht

Ballet de l’Opéra national de Paris
Frédéric Laroque, Vanessa Jean (violon), Laurent Verney (alto), Aurélien Sabouret (violoncelle)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Vello Pähn (direction musicale)
Anne Teresa De Keersmaeker (chorégraphie, décors [1, 3], lumières [1]), Jean-Luc Ducourt [2] (mise en scène), Jan Joris Lamers [2], Gilles Aillaud [3] (décors), Rosas [1, 2], Nathalie Douxfils [2], Rudy Sabounghy [3] (costumes), Vinicio Cheli [3] (lumières)


Die grosse Fuge (© Agathe-Poupeney/Opéra national de Paris)


Quatre ans après l’entrée au répertoire de sa pièce Rain (sur une musique de Steve Reich), qui vient de paraître sur DVD (Bel Air Classiques), Anne Teresa De Keersmaeker confie au Ballet de l’Opéra national de Paris trois pièces créées en Belgique pour sa compagnie Rosas. La chorégraphe belge a choisi ces pièces parmi des ensembles au sein desquelles elles avaient été créées avec l’arrière-pensée de leur donner un jour une autonomie. Elle les a réunies pour la première fois en 2006 à Bruxelles sous le titre «Bartók/Beethoven/Schoenberg – Soirée Répertoire» et c’est sous cette forme qu’elles entrent au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris.



E. Cozette dans Verklärte Nacht
(© Agathe-Poupeney/Opéra national de Paris)



Anne Teresa De Keersmaeker, dont le Théâtre de la Ville a très régulièrement programmé les œuvres depuis qu’elle a été nommée en 1992 à la tête de sa compagnie Rosas fondée en 1983 comme chorégraphe en résidence au Théâtre royal de La Monnaie de Bruxelles, n’est pas de ces chorégraphes qui utilisent des chefs-d’œuvre du grand répertoire comme substrat musical en les faisant danser sans en tenir compte. Sa démarche et son geste chorégraphiques vont toujours de pair avec la musique que ce soit de façon abstraite, comme dans les deux premières pièces de ce triptyque sur des quatuors à cordes de Bartók et Beethoven, ou d’une façon un peu plus narrative, comme dans La Nuit transfigurée de Schoenberg, déjà présentée au Théâtre de la Ville en 1997. Pour cette dernière pièce, la plus longue de la soirée, pour laquelle la chorégraphe a cosigné avec Gilles Aillaud un magnifique décor figurant une forêt de nuit (le poème de Richard Dehmel qui a inspiré le jeune Schoenberg commence par «Deux êtres traversent le bois nu et froid»), les danseurs ne paraphrasent pas le récit. Il s’agit d’une errance nocturne au clair de lune superbement réglée pour quatorze danseurs, ponctuée de quelques sublimes pas de deux inspirés de statues de Rodin. Tous les danseurs sont parfaitement investis dans cette pièce que ce soient les étoiles Emilie Cozette, Alice Renavand, le premier danseur Vincent Chaillet ou tous les danseurs moins «gradés» désormais mis en avant dans les premières distributions des spectacles. On ne dira jamais assez le luxe inouï d’avoir dans la fosse l’orchestre maison dirigé par Vello Pähn, qui a donné une interprétation d’un niveau exceptionnel du poème symphonique de Schönberg.



Quatuor n° 4 (© Agathe-Poupeney/Opéra national de Paris)


Autre luxe, le quatuor à cordes formé de musiciens tous premiers solistes de cet orchestre, Frédéric Laroque, Vanessa Jean, Laurent Verney et Aurélien Sabouret, pour accompagner les deux pièces de la première partie. Et il n’y a qu’à Garnier qu’un miracle acoustique se produit quand ce quatuor joue au fond de la scène pour la laisser libre aux danseurs et que l’on entend chaque note comme s’il était en première ligne. Quatuor n° 4 sur l’œuvre éponyme de Bartók est une pièce de jeunesse de la chorégraphe. Les quatre très jeunes danseuses Aurélie Bellet, Camille de Bellefon, Miho Fujii et Claire Gandolfi n’y mettent pas la rage qu’y mettaient les interprètes de Rosas à la création (la chorégraphe en faisait partie) mais elles prouvent que des danseuses formées au style classique peuvent donner à cette pièce aux allures potaches ses lettres de noblesse et y mettre toute la virtuosité possible. Pour Die grosse Fuge, pièce tardive de Beethoven et final de la première version de son Treizième Quatuor, c’est vraiment de virtuosité qu’il est question et les interprètes presque tous masculins (à l’exception de Caroline Bance), malgré parfois un manque de fluidité, réalisent parfaitement les intentions de la chorégraphe d’illustrer l’hallucinant contrepoint de cette musique au plus haut niveau de sophistication qu’a magnifiquement réalisé le quatuor à cordes.


Une formidable soirée qui donne envie de revisiter l’œuvre foisonnante et si proche de la musique de la chorégraphe flamande. Bonne surprise: sa compagnie Rosas sera invitée par l’Opéra de Paris à se produire au Centre Pompidou du 26 février au 6 mars 2016!



Olivier Brunel

 

 

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