About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le Mahler apollinien de Franz Welser-Möst

Paris
Philharmonie 1
10/19/2015 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 3
Jennifer Johnston (mezzo)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), The Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst (direction)


F. Welser-Möst (© Roger Mastroianni)


Une heure et demie de musique : la Troisième est la plus longue des Symphonies de Mahler, grande fresque panthéiste où les relents de musique populaire côtoient le lyrisme le plus brûlant, où le Nietzsche de Zarathoustra s’associe au Knaben Wunderhorn. Puissamment architecturée, la partition dépasse les cadres habituels du genre, pour « construire un monde » en six parties, avec le concours d’une voix de contralto et d’un chœur d’enfants et de voix de femmes.


Franz Welser-Möst en propose une vision lumineuse, un peu déroutante pour ceux qui attendent une lecture plus dialectique, secouée de tensions, de contrastes ou de ruptures, où le romantisme vivrait ses derniers soubresauts, marquée par l’omniprésence de Nietzsche et de Dionysos. Il se range au contraire du côté d’un classicisme apollinien, allant au cœur du texte avec une éblouissante clarté, obtenant de son orchestre un éventail de nuances quasi infini. Il est vrai que le superbe Cleveland, qui préfère la rondeur à la brillance et n’a jamais la virtuosité tapageuse, adhère parfaitement à cette approche. Le chef autrichien, ainsi, peut éviter le piège de l’éclatement et montrer comme il sait conduire la musique, du début à la fin, résoudre la diversité en un ensemble cohérent et unitaire – pierre d’achoppement d’interprétations plus spectaculaires et plus instinctives : il tient, il tient bon, sur toute la durée – pas seulement la durée chronométrique.


Certes il n’a pas la tête épique, mais le refus de la démesure ne bride en rien la libération des forces vitales, notamment dans l’Eveil de Pan d’une première partie dont la fin jubile. Le Menuet et le Scherzo, privilégiant une sorte de Gemütlichkeit viennoise plutôt que l’ironie mordante, ont une fluidité décantée, quasi chambriste, qui prépare au solo de contralto – une Jennifer Johnston au médium et au grave bien timbrés – où le chef suspend la sonorité et le temps. Les voix féminines du Chœur de l’Orchestre de Paris ont ensuite la légèreté de celles du Chœur d’enfants pour la fraîcheur naïve du « Lustig ». Et le lent hymne final est bien ce chant d’amour où toute ombre se dissipe et où s’ouvre l’infini, cette « apparition victorieuse d’Hélios » qu’évoquait Mahler lui-même. Hélios ou Apollon.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com